Il ne s’agirait, dit-on, que d’une simple "transformation", par la vertu de l’article "joker" n°20 (unique) de la Loi du 16 décembre 2010 [1], qui nous préserverait - par on ne sait quel miracle ? - des autres volets de la réforme des collectivité territoriales.
Quoi qu’il en soit, nous nous trouvons là, en Loire et Sillon, comme dans les autres petites communautés, en présence :
- d’une part, d’un « projet de Statuts » [PS] modifiés ;
- d’autre part, d’un « projet
de charte de gouvernance » [PCG].
Deux "projets", ce qui laisse clairement
entendre qu’ils restent, l’un comme l’autre, amendables. Reste à savoir où, par
qui, quand, comment ? Ce qui n’est pas précisé.
Et parler, à leur propos, de "délibérations
concordantes" des collectivités concernées, n’impliquent pas qu’elles soient nécessairement
identiques.
C’est donc nettement plus qu’un simple "petit
pas", car c’est bien d’une véritable ré-adhésion qu’il s’agit. Et une
occasion unique de faire valoir notre point de vue quant au SCOT, sorte de
bilan d’étape, à ne pas rater, car il n’est pas sûr qu’elle se représentera de
sitôt.
Trois ordres de préoccupations sont à considérer.
1 - Identité, attractivité et développement durable
Est-il certain que les EPCI adhérents aient su
« dépasser les clivages qui auraient pu faire obstacle à la prise de
conscience d’une communauté de destin » (PCG p.9) ? Et quelle
peut être « l’ambition de préserver l’identité métropolitaine »
(PCG, p.9), alors qu’il est justement admis, par ailleurs, que « l’identité
de la métropole est diverse » (PS, préambule p.3). Quelles sont donc
les bases de cette diversité ? On affirme que « l’ambition
politique de chacune des intercommunalités est de développer l’attractivité de
la métropole » (PS, préambule p.3). N’est-elle pas, tout autant, comme
en Loire et Sillon, celle de réussir à donner plus de visibilité à sa
propre identité ?
Le "projet de développement durable"
pour un « territoire réellement
durable » (PCG, p.9) – serait-il donc irréel ? -, porte une
« ambition partagée de faire de Nantes//Saint-Nazaire une véritable
Eco-métropole », d’ailleurs « reconnue par l’Etat comme l’une
des treize Écocités ». (PS, p.3). Un discours qui se veut fédérateur,
mais pour une préoccupation qui ne doit cependant pas trop occulter les autres.
2 - Solidarité et cohésion sociale.
Il s’agit de « faire de la construction
métropolitaine un projet au service des habitants ». (PCG, p.9).
Or, ce qui est totalement absent de ces textes,
c’est précisément la "mixité sociale", ainsi que toute prise en
considération d’inégalités, de relégations et segrégrations socio-spatiales
bien réelles ? Alors qu’on parle plus
volontiers de territoire "naturel" ou "rural", l’étalement périurbain est ainsi occulté. C’est pourtant – réellement, pour
le coup – l’une des préoccupations majeures des orientations urbanistiques du
SCOT, opposables à tous les autres documents d’urbanisme subséquents.
Pourtant, on parle allusivement de « l’accompagnement
opérationnel de projets urbains ». S’agit-il là, par exemple, du PEM
(Pôle d’échanges multimodal) de la gare et/ou du "pôle structurant"
tertiaire de Savenay ? Et le SCOT est-il, à ce jour, suffisamment porteur
de ses propres projets, pour les faire avancer efficacement et concrètement,
alors qu’il y a des attentes, voire des urgences (parking de la gare) ?
On évoque, autre exemple, "l’économie
numérique", mais c’est aujourd’hui le département, avec le SDAN [schéma
départemental d’aménagement numérique], qui prend enfin en charge les
initiatives correctives des fractures numériques, ancienne (sur l'ADSL) et nouvelle
(sur le [très] haut-débit).
3 - Fonctionnement : "gouvernance" et "management"
Derrière ce vocabulaire typiquement entrepreunarial,
et au nom de "l’ouverture", il s’agirait de « poursuivre et
intensifier la concertation avec les acteurs sociaux-économiques et la société
civile ». (PS, p.3). On prévoit désormais des réunions trimestrielles,
des commissions, du comité, du bureau, et semestrielles pour la conférence des
présidents (PCG, p.11), ce qui est une manière de reconnaître que ce n’était,
jusqu’alors, pas le cas. Avec un "Comité de partenaires" dans lequel Région Pays
de la Loire et Département de Loire-Atlantique, pourtant autres collectivités
territoriales, sont mis sur le même plan que les chambres consulaires, les CDD
(Conseils de développement), et même toute personne qualifiée dûment cooptée.
Quant à « la conduite politique au quotidien
des études et actions », on s’en remet à six "élus
animateurs" (PCG, p.11). Mais, pour "l’animation gestion", on
table avant tout sur le comité technique des DGS des intercommunalités ou
des directeurs des Agences d’urbanisme [AURAN et ADDRN] (PCG, p.13). Pas sûr
que cela suffise à lever la suspicion de technocratie rampante. Si les "grands
élus" (Ouest France du 23 novembre) métropolitains y conservent toute leur
place, les petits élus de base et de proximité que nous sommes, n’en gagnent, à l'évidence,
aucune.
Franchir le "petit
pas" de la réadhésion au SCOT, transformé de la sorte en Pôle métropolitain,
n’empêche donc surtout pas, au contraire, d’exprimer à cette occasion des
préoccupations et exigences nouvelles : sur la prise en compte de
l’identité multiple, la diversité sociale, une économie déséquilibrée et la
nécessaire démocratisation de la construction métropolitaine.
[1] & & , « Pôles métropolitains : du «faire territoire» au «faire politique», ou la nouvelle bataille de l’interterritorialité», Métropolitiques, 18 mai 2011.
URL : http://www.metropolitiques.eu/Poles-metropolitains-du-faire.html
[1] & & , « Pôles métropolitains : du «faire territoire» au «faire politique», ou la nouvelle bataille de l’interterritorialité», Métropolitiques, 18 mai 2011.
URL : http://www.metropolitiques.eu/Poles-metropolitains-du-faire.html
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