Loire et Sillon et "pôle métropolitain" : adhérer certes, mais en toute lucidité

L'adhésion de la communauté de communes de Loire et Sillon au "pôle métropolitain" de Nantes / Saint-Nazaire est à l'ordre du jour de son prochain conseil communautaire du 20 décembre. A travers la mutation du syndicat mixte du SCOT (Schéma de COhérence Territoriale) en "pôle métropolitain". Essayons d'y voir un peu plus clair.


La confusion règne entre « métropole » au sens géographique (celui des 8 métropoles régionales) et métropole en tant que « pôle métropolitain » au sens institutionnel de la réforme territoriale. Elle suscite beaucoup d’interrogations sur le choix politique de la "métropolisation", que ce soit avec une métropole ou à travers un pôle métropolitain.
De fait, la "métropolisation" au sens géographique est le résultat d’une stratégie de mise en concurrence des territoires et la métropolisation institutionnelle en constitue l’outil politique pour organiser et accompagner cette mise en concurrence. Car « le monde n’attend pas, soyons prêts » (5ème Conférence métropolitaine). Il pourrait y avoir, ici ou là, des correctifs pour en atténuer les effets, mais sur le fond, tout conduit à concentrer toujours plus les investissements et les moyens sur les candidats "gagnants", mais avec toujours plus de "perdants" involontaires.

Juste un "petit pas" supplémentaire… dans le sens de la réforme territoriale.

S’agit-il d’un outil de coopération utile pour de meilleures relations entre des zones urbaines proches avec des questions, comme celle des mobilités et des transports, par exemple ?
- Ou ne s’agirait-il que d’une couche supplémentaire dans le "mille-feuille" pourtant décrié qui dépossède toujours plus les communes et les citoyens de tout pouvoir ?        
- Quelle relation avec la Région Pays de la Loire et le Département de Loire Atlantique, qui assurent, à ce jour, certaines des compétences avancées pour le pôle métropolitain à l’échelle pas seulement de la communauté urbaine de Nantes, mais de toute la Région.
- S’agit-il, en fait, de consolider cette métropole prévue par la réforme territoriale dont Jean-Marc Ayrault demandait le retrait à l’Assemblée nationale en 2010 (1), mais qu’il met néanmoins en œuvre en 2011 dans les faits, avec l’élargissement des compétences, la mutualisation des services et le "rapprochement" des communes et du SCOT à travers le « pôle métropolitain ».
Nous, modestes élus des intercommunalités considérées comme subalternes, telle que Loire et Sillon, pouvons à juste titre nous inquiéter d’une marginalisation croissante de nos territoires non-centraux. Car le développement réel se fait dès à présent de manière très inégale dans l’aire métropolitaine, entre ses centres nantais et nazairien et ses périphéries intermédiaires, dont la notre.

Voter, mais sans aveuglement

Au conseil communautaire de Loire et Sillon du 20 décembre prochain, les élus de gauche doivent-ils, sans doute, voter pour la création du "pôle métropolitain", ne serait-ce que dans l’esprit et avec l’espoir d’un outil de coopération utile. Quelles seraient d’ailleurs les conséquences pour ceux qui n’entreraient pas dans ce "pôle métropolitain" ? Il y a plus de dangers à ne pas y être, que de risques à y adhérer. Encore faut-il que ce soit en insistant fortement, à cette occasion, pour que les communes et les citoyens aient une vraie place, et une réelle écoute, dans la "gouvernance" de cette nouvelle structure, en tout cas plus évidente que dans l’actuel SCOT.
Alors qu’un "syndicat mixte" existait déjà pour organiser cette coopération, comment faire pour que le "pôle métropolitain", à travers une institution de mise en concurrence des territoires, ne conduise pas à un effacement accentué de certains d’entre eux ?
Il faudrait assurément mettre en débat plus largement cette question, au-delà du cercle trop étroit des seuls élus locaux. Car, comme toujours, la clé est dans le mouvement social et auprès des citoyens qui peuvent légitimement poser la question au fond : quelle politique d’aménagement pour tout le territoire, quel poids respectif pour l’Etat et pour les intérêts locaux, quelle place des communes et quel rôle pour les citoyens ?

Note
1 - Jean Marc Ayrault: La raison de la fronde des Maires Les élus, quelles que soit leur sensibilité le disent ensemble : la réforme mal engagée des collectivités locales et de leur financement risque de priver les citoyens de droits essentiels.



Lire également mon Intervention au Conseil communautaire de Loire et Sillon du 10 novembre 2011

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