Pourquoi l'écologie politique peine-t-elle à convaincre ?

Clément Sénéchal, figure de l'écologie politique, ancien de GreenPeace, livre dans cet ouvrage son témoignage et une analyse critique sans concession des raisons pour lesquelles l'écologie peine à s'imposer durablement.  L'auteur y dénonce une forme d'écologie qui est devenue l'affaire d'une élite urbaine et privilégiée, coupée des préoccupations des classes populaires. Cette écologie, trop souvent perçue comme une contrainte ou un luxe, a du mal à fédérer l'ensemble  de la société. Elle est, selon Sénéchal, trop souvent fragmentée en une multitude de causes spécifiques (climat, biodiversité, etc.), ce qui empêche une vision globale et une mobilisation efficace.

Les ONG environnementales et certains politiques paraissent davantage préoccupés par la communication et l'image que par l'action concrète. Cette "écologie du spectacle", BCBG, a pour effet contre-productif de détourner l'attention des véritables enjeux et de démobiliser les citoyens. L'écologie politique, se refusant à mettre en cause le capitalisme, a du mal à proposer des solutions concrètes et attractives pour sortir de notre modèle de développement actuel.

En mettant en évidence les faiblesses de l'écologie politique actuelle, Clément Sénéchal invite à une profonde prise de conscience sur les moyens de redynamiser ce mouvement. L'auteur plaide pour une écologie plus ancrée dans le réel, plus inclusive et plus capable de proposer des alternatives crédibles.

Clément Sénéchal, Pourquoi l'écologie perd toujours, Seuil, 2024, 220 p., 19 €

Présentation de l'éditeur : 4ème de couverture

Il nous arrive d’entendre cette formule : nos politiques ne sont pas à la hauteur. C’est évident dans le cas de l’écologie, puisque rien ou si peu n’est fait par le gouvernement pour enrayer la machine infernale. Mais sa responsabilité, tout comme celle des multinationales et du fameux 1 %, n’est (presque) plus à prouver.

Clément Sénéchal s’attèle ici à comprendre les autres causes, plus discrètes, qui conduisent l’écologie politique à l’échec : celles qui s’enracinent dans son propre camp. Structurellement, l’écologie, fruit de l’environnementalisme, s’est constituée comme une cause des élites. Dès les années 1970, ses militants, les ONG et certains politiques ont fait d’elle un objet de lutte pour privilégiés, morcelable, négociable et, surtout, profitable. Et, ce faisant, ils et elles ont réduit la lutte à une mise en scène, une morale abstraite, éloignée des citoyens et des citoyennes.

Ces acteurs de l’écologie B.C.B.G., s’ils ne cessent de marteler les constats scientifiques, se montrent nettement moins diserts sur leur propre échec. Pour construire les victoires de demain, il est pourtant nécessaire de regarder les impasses de cette « écologie du spectacle » bien en face. Un essai fort, qui pose enfin des mots sur une évidence politique.

Diplômé de sociologie et de philosophie politiques, expert des enjeux climatiques, Clément Sénéchal a été porte-parole dans une grande ONG environnementale pendant plusieurs années.



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