Non, "l'identité d'Estuaire et Sillon" n'est pas "résolument rurale" !



Contrairement au titre et au contenu d'un article de Ouest-France (26 février 2020),  Non, "l'identité d'Estuaire et Sillon" n'est pas "résolument rurale",  même s'il estime qu'elle ne serait "plus à prouver", s'appuyant sur un Avis récent du Conseil de développement (CDD) ! 








L'article de Ouest-France :


Or, elle est désormais moins marquée par sa "ruralité", que par sa "périurbanité", même si cela semble un peu moins parlant immédiatement.

Le conseil de développement (CDD) de la collectivité vient de rendre un Avis sur le sujet, qu'il présentera aux élus sortants le 3 mars prochain (Lien).

Quelques chiffres : en Estuaire et Sillon les agriculteurs ne représentent plus que 2% des actifs dans toutes les CSP (29% pour les professions intermédiaires, 27 % pour les employés et 24% pour les ouvriers. Source AURAN)


Source : AURAN 2019

Certes les agriculteurs restent-ils influents, grâce à la Chambre d'agriculture et à leurs syndicats (FDSEA et Conf' Paysanne). Ils savent agir, avec la SAFER, la Chambre d'agriculture et l'Agence foncière, pour défendre les terres agricoles, les PLU (Plan locaux d'urbanisme) et leurs zonages (Na, naturel agricole inconstructible)...


Pour lire l'avis du CDD
Mais, au-delà, le CDD croit encore déceler dans "la ruralité" rien moins que le "mode de vie" typiquement local. C'est négliger que le trait majeur de l'identité du territoire est bien plutôt "périurbain", avec toutes les conséquences qui en découlent.

Dans l'ensemble du département; il n'y a plus guère aujourd'hui de "rural profond", même dans le Castelbriantais, dont le périurbain est polarisé, lui, par Redon.

Récemment, dans le nord-Loire, dans quatre intercommunalités (CARENE, Cap Atlantique, Ponchâteau-St-Gildas et ex-Loire et Sillon, l'ADDRN (Agence d'Urbanisme de la région de Saint-Nazaire, 2015) estimait à 39,4% les habitants des espaces périurbains sur une population de 246.432 habitants.

Plaquer la ruralité locale sur celle de toute la France (en référence au Rapport national "Ruralités, une ambition à partager", juillet 2019), c'est totalement confondre "ruralité" et "périurbanité". Et, en conséquence, constitue un déni de périurbain.

Toutes les réalités locales, loin de là, ne peuvent donc pas être saisies au seul et unique prisme de la "ruralité", sauf par un méli-mélo de considérations pas toujours en rapport avec le sujet, à moins de vouloir à tout prix tout y rapporter.

Cela pose tout de même un sérieux problème, quand on sait que les prochains "nouveaux" élus de mars 2020 auront à établir - enfin ! - et à se prononcer sur un Projet de Territoire pour l'intercommunalité, annoncé par le président sortant.

Mais ce n'est là qu'un simple avis de géographe sur l'Avis du CDD !


Cette carte inédite, produite avec Géoclip 2019, montre que le territoire d'Estuaire et Sillon est essentiellement composé de paysages ruraux profondément artificialisés souvent en contexte semi-naturel ou humide,  mais toujours avec forte marque du bâti (voir légende). Or, c'est la définition même du périurbain.

"Les changements du rural" par Rémi Lefebvre (2020, p.184)






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Références :

Dans mon livre "Paysages, pouvoir et colères..." il y a une bibliographie d'une centaine de titres sur le périurbain (p.258-260).

Notamment : "Le périurbain, espace à vivre" (dir. Florian Muzard et Sylvain Allemand), dans la collection territoires en projets, Ed.Parenthèses, 2018.

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