Au Brésil, le Mouvement des Sans-terre (MST) considère que l’année 2015 a été une "année perdue" pour la réforme agraire
Pour
les dirigeants du mouvement, l’ajustement fiscal du gouvernement a porté
préjudice à l’action de l’INCRA (Institut national de colonisation et de
réforme agraire) et l’absence d’initiative du gouvernement constitue un
obstacle aux expropriations des latifundios.
02/02/2016
BRASIL DE FATO, Bruno
Pavan, São Paulo (SP)
Les dirigeants du Mouvement des travailleurs ruraux
sans-terre (MST) ont donné mardi 2 février une conférence de presse pour
présenter un bilan politique du mouvement de l’année 2015 et les perspectives
pour le scénario de 2016.
Pour le mouvement, l’un des principaux points de
difficulté dans l’année passée fut le calendrier d’ajustement fiscal promu par
l’actuel ministre de l’économie Joaquim Levy. Le coordinateur du MST João Paulo
Rodrigues a lu une lettre écrite après la rencontre de la Coordination
Nationale du mouvement qui a eu lieu dans la ville de Caruaru (Pernambuc)
comptant la présence de plus de 400 dirigeants du mouvement dans tout le
Brésil.
“La
présidente Dilma Rousseff s’est trompée en suivant un programme de mesures
néolibérales”, dit la déclaration. Rodriguez a également affirmé qu’en 2016, le
mouvement répondra en intensifiant les occupations de propriétés improductives,
“comme le permet la Constitution brésilienne de 1988”.
João Pedro Stedile considère que l’année 2015 a été
perdue pour le mouvement, et que l’ajustement fiscal promu par le gouvernement
fédéral a atteint de plein fouet l’Institut national de Colonisation et de
Réforme agraire (INCRA).
“Elle [Dilma] a promis, à la fin de 2014, de donner la
priorité à l’installation de plus de 100.000 familles des campements
(acampamentos). Ce qui s’est passé, c’est que l’INCRA n’a exproproprié aucune
aire en 2015. De plus, les aires désoccupées depuis 2012 n’ont pas été payées
par le gouvernement l’année passée, alors beaucoup de décrets peuvent devenir
caducs parce que les grand propriétaires (fazendeiros) sont allés en
justice pour requérir la restitution de leurs terres. Il y a des ressources
pour la réforme agraire, ce qui manque c’est le courage politique”, a-t-il
critiqué.
“L’intérêt des banques”
Depuis la fin de l’année passée, le nouveau ministre
de l’économie, Nelson Barbosa, vient réaffirmer la nécessité d’une nouvelle
réforme de la retraite. L’âge minimum de la retraite est l’un des principaux
points.
Stédile dit que le MST n’acceptera pas de modification
en relation à l’âge minimum pour l’accès à la retraite des travailleurs et
travailleuses des campagnes et a pointé que la véritable motivation pour les
modifications de la sécurité sociale vient des banques privées. “De quel droit
Luis Carlos Trabuco, PDG de la Bradesco, en vient-il à dire qu’une réforme des
retraites est “imprescriptible” ? La crise brésilienne a à voir avec la
production et pas avec la protection sociale. Ce que le capital financier veut,
c’est la privatiser la protection” dit-il.
Front Brésil Populaire
Ces derniers jours,
l’ex-président Lula s’est vu impliqué dans diverses accusations et a été
convoqué, comme prévenu, par la justice de São Paulo.
Le principal argument du Ministère public pauliste est
que Odebrecht a payé la rénovation d’un partement à Guarujá, sur le littoral de
l’Etat, et dans une résidence secondaire de l’intérieur de São Paulo qui est
supposée appartenir à l’ex-président.
Stédile a souligné que Lula est le plus grand leader
populaire brésilien et qu’il est visé par un lynchage médiatique. Le motif de
ceci n’est pas d’appréhender Lula, mais de le démoraliser et d’empêcher sa
candidature à la présidence en 2018” pointe-t-il.
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