Les
190 pays négociant en vue d'un pacte multilatéral en 2015 pour limiter le réchauffement
climatique ont conclu dimanche à Lima un accord, in extremis et à
minima. Le clivage nord-sud apparu à l’occasion porte moins sur le
réchauffement climatique, le consensus unanime à ce sujet étant verrouillé par
le GIEC, que sur les modalités de la
fixation des futurs engagements de chacun des pays de réduction de ses émissions
de gaz à effet de serre d’ici à la conférence de Paris, dans un an.
Deux semaines de négociations… Pour quel résultat ? Samedi,
les 190 délégués présents à la 20e Conférence de l'ONU sur le climat à Lima
n'avaient toujours pas réussi à s'entendre. Dimanche, un projet de texte, qui
doit servir de trame aux négociations préalables au sommet de Paris sur le
climat fin 2015, a été adopté dans la douleur. Les engagements fondés sur les
préconisations politiques du GIEC sont censés viser une baisse globale des émissions
de 40 à 70% d'ici à 2050: et présentés comme une nécessité absolue pour
parvenir à limiter à 2°C la hausse de la température de la planète.
Les tractations ont été "difficiles" selon Laurent
Fabius qui avait reporté son retour à Paris de 48 heures, les participants se
montrant incapables de prendre chacun pour lui-même des engagements d’objectifs,
courant 2015, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Lima devait,
selon Fabius, servir de rampe de lancement pour le prochain « sommet sur
le réchauffement climatique » qui doit se tenir à Paris dans un an. Fin août,
le ministre des Affaires étrangères, avait même fixé une feuille de route à ses
ambassadeurs. "C'est certainement la tâche la plus importante que vous
aurez à mener à bien dans le quinquennat." À eux donc de "prendre
leur bâton de pèlerin pour expliquer aux autorités et aux opinions publiques
que la conférence de Paris doit être un succès". Payant d’exemple, il
avait précédemment convoqué les présentateurs météo de toutes les chaînes de
télévision françaises pour les inviter à davantage enfoncer le clou du
dérèglement climatique et les catastrophes météorologiques dans leurs bulletins
quotidiens.
Vue la difficulté constatée à Lima pour simplement ouvrir la voie à un accord à Paris, les organisateurs français auront d’abord à faire mentir la chronique d’un échec annoncé…
Un clivage Nord-Sud persistant
L'objectif que s'est donc fixé l’ONU, sur la base des rapports du GIEC, serait de limiter la hausse des températures de 2 °C d'ici à 2100. Ce qui impliquerait, toujours selon le GIEC, de réduire de 40 à 70 % d'ici à 2050 les émissions de gaz à effet de serre, principalement CO2. Bien que le GIEC lui même échoue à établir une corrélation avérée et expliquée entre la montée de la teneur en CO2, qui se poursuit, et celle des températures qui marque une pause depuis près de 20 ans maintenant. Certes l’année 2014 a-t-elle été particulièrement chaude, mais en matière de météorologie et de climat, impossible de déceler une tendance à échéance d’une année isolée, ni même de deux décennies. Quant à fixer des objectifs sur les 50 ans à venir ?
Pourquoi est-il donc si compliqué de s'entendre sur de tels
objectifs? Principal obstacle : le clivage Nord-Sud entre les objectifs et les
moyens à mettre en oeuvre. À Lima, le but était de trouver un accord sur les
contributions nationales à la lutte contre le réchauffement climatique. Les
pays riches souhaitent que ces contributions soient précisément centrées sur
les réductions d'émissions de gaz à effet de serre et qu'elles s'appuient sur des
informations précises et transparentes. À cela, de nombreux pays du Sud –
surtout le groupe Afrique, les petits États insulaires, l'Arabie saoudite, les
Philippines – répliquent qu'ils n'acceptent de s'engager sur les réductions
qu'en échange de solides garanties financières pour y parvenir.
"Il sera difficile
d'accepter des contributions sans mention des financements (dans les
contributions des pays développés)", a déclaré le représentant du Soudan,
au nom du groupe Afrique. "Notre groupe est inquiet (...) et ne sera pas
en mesure de poursuivre à partir de ce qui a été mis sur la table", a-t-il
estimé.
"Les lignes rouges ne sont malheureusement pas évoquées dans ce texte", a également lancé le représentant de la Malaisie au nom d'un large groupe de pays en développement. "Les contributions doivent tenir compte de l'adaptation", a-t-il plaidé.
Pour le responsable chinois, Liu Zhenmin, "les divergences sont vraiment considérables, nous avons deux groupes aux points de vue opposés".
"Les lignes rouges ne sont malheureusement pas évoquées dans ce texte", a également lancé le représentant de la Malaisie au nom d'un large groupe de pays en développement. "Les contributions doivent tenir compte de l'adaptation", a-t-il plaidé.
Pour le responsable chinois, Liu Zhenmin, "les divergences sont vraiment considérables, nous avons deux groupes aux points de vue opposés".
Le Brésil, le Mexique, la Chine, pays émergents dits BRICS,
forts émetteurs de CO2, exigent d'en
savoir plus sur la manière dont les 100 milliards de dollars d'aide annuelle prévus
en 2020 seront réunis, alors qu’à ce jour, seuls 10 milliards ont été débloqués.
Les pays du sud émergents, qui aspirent à un
développement légitime, n’entendent donc pas faire les frais du paiement d’une "dette climatique" principalement générée à ce jour, et depuis plus d’un siècle,
principalement par les pays riches, industriels et développés. Plus que sur la
lutte contre le réchauffement climatique - dont la réalité et la pertinence
restent largement à démontrer - ils mettent eux davantage l’accent sur les
effets des catastrophes météorologiques qui touchent plus durement leurs
populations restant les plus pauvres et exposées du monde.
Dans ces conditions, plus
encore que sur les objectifs, verrouillés par le consensus idéologique et médiatique bien orchestré
autour des thèses du GIEC, c’est plutôt sur les modalités de son financement et
sur un clivage nord-sud, difficilement dépassable, que la conférence de Paris
en décembre 2015 risque bien d’échouer.
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