Quelle alternative à l’austérité ?


Quelques lectures en cours, dans la perspective du forum citoyen à Savenay, le 19 mars prochain, à 18h30 au Bistrot .

Paul Krugman, Sortez-nous de cette crise... maintenant !,  Ed. Flammarion, septembre 2012,  272 pages, 19 €.

C’est un cri lancé à ceux qui nous gouvernent. « Sortez-nous de cette crise ! » tonne Paul Krugman, l’éditorialiste du New York Times et Prix Nobel d’économie 2008. « Et sortez-nous en maintenant ! » tant il est clair, selon lui, que les gouvernements occidentaux n’apportent toujours pas les réponses efficaces à la dépression historique qui s’est déclenchée à l’automne 2008.
« L’orgueil et les préjugés rendent les dirigeants incapables de voir ce qui devrait pourtant être limpide... » À savoir qu’il faut abandonner la politique d’austérité, « dépenser maintenant et payer plus tard », taxer les hauts revenus, lutter prioritairement contre le chômage et les inégalités, soutenir les populations endettées. En un mot, renouer avec une stratégie keynésienne qui suppose davantage d’inflation.
Dans son style accessible, non dénué d’humour, Paul Krugman signe ici un essai important – d’abord parce qu’il retrace toute l’histoire de la crise, expliquant la montée de la dérégulation financière, la façon dont les élites politiques et les économistes néo-classiques se sont épaulés pour juguler toute approche hétérodoxe de l’économie ; ensuite parce qu’il formule, tant à destination des États-Unis que de l’Europe, des propositions concrètes pour sortir du marasme économique et social.
Lutter contre la trappe à liquidité, éviter le credit crunch, ne pas oublier qu’une politique de sortie de crise doit plus viser à baisser la valeur de la dette qu’à la rembourser... Une analyse pragmatique et résolument engagée.
Professeur émérite de l'université de Princeton, Paul Krugman a reçu le prix Nobel d'économie en 2008. Cet universitaire réputé est un intellectuel indépendant, au regard incisif, qui s'exprime chaque semaine dans les colonnes du New York Times. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels en langue française : La mondialisation n'est pas coupable (La Découverte, 1998 ; La Découverte/poche, 2000) ; Pourquoi les crises reviennent toujours (Seuil, 2000 ; coll. « Points », 2012) ; L'Amérique dérape (Flammarion, 2004) et L'Amérique que nous voulons (Flammarion, 2008 ; coll. « Champs », 2009).
 

Collectif : Jean-Marie Harribey, Pierre Khalfa, Christiane Marty, et alii. Changer vraiment ! : Quelles politiques économiques de gauche ? Éditions Syllepse (14 juin 2012), Coll. Les Notes de la Fondation Copernic, 128 pages,  7 €.

Les obstacles à la liberté de circulation des capitaux ont été ainsi levés et les contrôles publics sur les institutions financières ont été fortement réduits. Mais la stagnation des salaires, voire dans certains pays leur recul, a fait resurgir une vieille contradiction du capitalisme vue en leur temps par Marx et Keynes. Le salaire est un coût pour chaque entreprise qui cherche donc à payer ses salariés le moins cher possible. Mais c’est aussi un élément décisif pour assurer une demande solvable surtout dans des pays où l’énorme majorité de la population est salariée. Depuis plus d’un quart de siècle, quel que soit le gouvernement en place, une même logique domine : baisse du coût du travail, précarisation accrue du salariat, défiscalisation des plus riches et des grandes entreprises, ouverture à la concurrence, libre-échange, déréglementation financière ont abouti à la crise actuelle qui voit partout en Europe des politiques d’austérité drastique imposées aux peuples. Ces politiques sont présentées comme inéluctables. On se souvient du fameux Tina (there is no alternative) de Margaret Thatcher. Ce livre montre au contraire qu’il n’en est rien. La gauche au pouvoir n’est pas obligée de réduire son ambition à accompagner le capitalisme néolibéral ou à l’amender à la
marge.
Au-delà des mesures d’urgence qu’il faut prendre immédiatement pour amorcer la sortie de crise, ce livre propose une vision dynamique d’ensemble qui montre qu’il est possible de desserrer les mailles du filet néolibéral… à condition d’avoir la volonté politique de s’attaquer à l’oligarchie cupide qui nous gouverne et qui nous entraîne dans une impasse économique, sociale et écologique.

Serge HALIMI, Frédéric LORDON et Renaud LAMBERT, Économistes à gages,14 novembre 2012,Prendre parti, 80 p.,  4,5 €

« Le changement, c’est maintenant », affirmait au printemps le candidat François Hollande. Impossible en dehors du cadre libéral, répondaient alors et répètent aujourd’hui les « économistes à gages ». Leur mission : démontrer au bon peuple égaré qu’ « il n’y a pas d’alternative ». En voici trois décryptages : une enquête de Renaud Lambert sur « Les liaisons dangereuses des experts ès économie » ; une étude par Serge Halimi de « La lancinante petite musique des chroniques économiques » ; et une analyse de Frédéric Lordon intitulée « Les prodiges de l’amnésie ».

Troisième publication de la collection Le monde diplomatique, après les succès de L'Art d'ignorer les pauvres de John Kenneth Galbraith (LLL, 2011) et de Le Protectionnisme et ses ennemis de Jacques Sapir (LLL, 2012), cet ouvrage réunit, entre autres, des textes de Serge Halimi, Frédéric Lordon et Jacques Sapir... Il dénonce, avec une sagacité pleine d'allant, le milieu professionnel et journalistique de l'économie qui, non content de n'avoir pas prévu la crise, s'acharne par un mimétisme consternant à défendre bec et ongles un système à l’origine de la plupart de nos maux.

Philippe Derudder & André-Jacques Holbecq, Manifeste pour que l'argent serve au lieu d'asservir, Éditeur : Dangles (17 janvier 2013), 96 pages, 9 €.

Depuis 2008, il devient de plus en plus évident que le système monétaire est au cœur des crises que nous vivons. Il est devenu la forme moderne d'un esclavage sournois grâce à l'ignorance dans laquelle sont entretenus les citoyens. L'opacité et la complexité trompeuse des termes et des pratiques ne visent qu'à laisser croire qu'il est l'affaire des seuls experts. La bonne nouvelle est que les choses ne sont pas complexes. Les crises actuelles n'ont rien de fortuit, elles sont le simple produit de la pensée humaine prisonnière d?une idéologie devenue suicidaire, imposée d'une manière de plus en plus autoritaire. Affranchissons-nous des fausses vérités qui empêchent de considérer les vraies réponses aux défis de notre temps ; tout devient alors possible. Ce manifeste, outre la compréhension qu'il donne des réelles causes des crises que nous vivons et des pistes qu'il ouvre, est un appel au bon sens de chacun pour que la dictature idéologique cède la place à l'intelligence de la vie. Philippe Derudder est un auteur engagé dans la recherche de solutions alternatives afin de mettre l'économie au service de l'homme et de la planète. Il est consultant et anime des conférences et séminaires sur l'économie alternative.

Jean-Claude Michéa, Les mystères de la gauche : De l'idéal des Lumières au triomphe du capitalisme absolu, date de parution : fin mars 2012, Ed. Climats, 180 p., 14 €

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