Ce livre résulte d’une double insatisfaction de son auteur : principalement celle à l’égard du monde tel qu’il va et celle, plus délicate, sur le marxisme tel qu’il existe aujourd’hui.
L’auteur raconte que l’idée de ce
livre lui est venue dans la ville côtière brésilienne de Paraty à mi-chemin
entre Rio de Janeiro et São Paulo, à la lecture de Cent ans de
solitude de Gabriel Garcia Marquez, dont la vison du monde, la vivacité
de son esprit humain, dit-il, exprime « notre questionnement sans fin
pour l’aventure, pour la magie, pour la fantaisie, pour une réalité
véritablement fantastique ».
Ce livre sympathise et ouvre en
effet le dialogue avec tous les progressistes. Il s’adresse ainsi « à tous ceux qui se battent pour
affirmer des terras novas et de nouvelles géographies magiques de l’imagination
inspirées par le rêve, de nouvelles îles de secours plus autonomes, par le
désir normatif de faire quelque chose de plus autonome, de plus signifiant dans
notre propre néo-Age Noir ». Tout particulièrement ceux qui
constituent des « micro-mouvements collectifs contre la méga-machine
totalitaire, des groupes disparates qui, par défiance des orthodoxies
néolibérales, s’allient souvent avec les réseaux mondiaux de lutte, avec
la Confédération paysanne et Via Campesina, avec les combats globaux des
paysans sans-terre, le commerce équitable et la souveraineté alimentaire ».
Magical Marxism « demande
quelque chose de plus au marxisme, quelque chose de plus intéressant, peut-être
quelques chose de plus radical ». C’est une invitation au voyage,
« où il est juste question de changer de perception sur ce qu’est
la réalité, sur ce qu’est la politique, sur ce qu’elle pourrait être, et sur ce
que nous pouvons faire pour rester encore de solides marxistes », même
si « la plus courte distance entre deux points – entre le capitalisme
et le communisme – ne peut justement pas être une ligne droite ».
A l’issue d’une lecture riche de
références – entre autres Guy Debord, Henri Lefebvre… - l’auteur nous invite à
commencer à croire à une sorte d’agenda
que nous pouvons nous fixer : « Nous pouvons croire en un Marxisme
qui ne soit pas seulement une analyse critique ; en un marxisme libéré des
débats sur les classes et sur le rôle de l’état, sur la dictature du
prolétariat. Nous pouvons croire en un
Marxisme qui ne se qualifie plus longtemps lui-même de
"scientifique" et qui en dise plus sur la distinction entre forme et
contenu, entre l’apparence et l’essence. Nous pouvons croire en un Marxisme qui
dessine les contours d’une nouvelle réalité rêvée, d’une fantaisie matérialiste,
d’un fantastique matérialisme, qui refoule les signes du désenchantement d’avec
le présent et affirme la plus têtue nostalgie pour les rêves d’avenir.
Maintenant, peut-être, nous pouvons croire en un Marxisme qui plaide pour la
vision politique la plus éthérée et vogue sans amarre vers le radicalisme le
plus fantasque. Maintenant nous pouvons croire en un Marxisme qui ouvre les
horizons de l’affirmation et vise bien au-delà du réalisme de la négativité
critique ».
Une lecture certes difficile – car
éditée en anglais – mais qui nécessite et récompense largement un tel effort en
suscitant des réflexions d’une pressante actualité.
Andy Merrifield, “Magical Marxism:
Subversive Politics and the Imagination”,
PlutoPress, 240 p., 2011.
NB : la traduction des extraits n’engage que moi JY M.
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