"Magical Marxism", la magie du marxisme revisitée par Andy Merrifield


Ce livre résulte d’une double insatisfaction de son auteur : principalement celle à l’égard du monde tel qu’il va et celle, plus délicate, sur le marxisme tel qu’il existe aujourd’hui.
L’auteur raconte que l’idée de ce livre lui est venue dans la ville côtière brésilienne de Paraty à mi-chemin entre Rio de Janeiro et São Paulo, à la lecture de Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez, dont la vison du monde, la vivacité de son esprit humain, dit-il, exprime « notre questionnement sans fin pour l’aventure, pour la magie, pour la fantaisie, pour une réalité véritablement fantastique ».
Ce livre sympathise et ouvre en effet le dialogue avec tous les progressistes.  Il s’adresse ainsi « à tous ceux qui se battent pour affirmer des terras novas et de nouvelles géographies magiques de l’imagination inspirées par le rêve, de nouvelles îles de secours plus autonomes, par le désir normatif de faire quelque chose de plus autonome, de plus signifiant dans notre propre néo-Age Noir ». Tout particulièrement ceux qui constituent des « micro-mouvements collectifs contre la méga-machine totalitaire, des groupes disparates qui, par défiance des orthodoxies néolibérales, s’allient souvent avec les réseaux mondiaux de lutte, avec la Confédération paysanne et Via Campesina, avec les combats globaux des paysans sans-terre, le commerce équitable et la souveraineté alimentaire ».
Magical Marxism « demande quelque chose de plus au marxisme, quelque chose de plus intéressant, peut-être quelques chose de plus radical ». C’est une invitation au voyage, « où  il est juste question de changer de perception sur ce qu’est la réalité, sur ce qu’est la politique, sur ce qu’elle pourrait être, et sur ce que nous pouvons faire pour rester encore de solides marxistes », même si « la plus courte distance entre deux points – entre le capitalisme et le communisme – ne peut justement pas être une ligne droite ».
A l’issue d’une lecture riche de références – entre autres Guy Debord, Henri Lefebvre… - l’auteur nous invite à commencer  à croire à une sorte d’agenda que nous pouvons nous fixer : « Nous pouvons croire en un Marxisme qui ne soit pas seulement une analyse critique ; en un marxisme libéré des débats sur les classes et sur le rôle de l’état, sur la dictature du prolétariat. Nous pouvons croire en un  Marxisme qui ne se qualifie plus longtemps lui-même de "scientifique" et qui en dise plus sur la distinction entre forme et contenu, entre l’apparence et l’essence. Nous pouvons croire en un Marxisme qui dessine les contours d’une nouvelle réalité rêvée, d’une fantaisie matérialiste, d’un fantastique matérialisme, qui refoule les signes du désenchantement d’avec le présent et affirme la plus têtue nostalgie pour les rêves d’avenir. Maintenant, peut-être, nous pouvons croire en un Marxisme qui plaide pour la vision politique la plus éthérée et vogue sans amarre vers le radicalisme le plus fantasque. Maintenant nous pouvons croire en un Marxisme qui ouvre les horizons de l’affirmation et vise bien au-delà du réalisme de la négativité critique ». 
Une lecture certes difficile – car éditée en anglais – mais qui nécessite et récompense largement un tel effort en suscitant des réflexions d’une pressante actualité.
Andy Merrifield, “Magical Marxism: Subversive Politics and the Imagination”,  PlutoPress, 240 p., 2011.

NB : la traduction des extraits n’engage que moi JY M.

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