Cette aventure romanesque s’inscrit au cœur d’événements
historiques qui ont marqué la Lozère au cours de la seconde guerre mondiale.
L’ouvrage inclut une riche documentation sur la Résistance en basse Auvergne,
Paul Eluard à Saint-Alban, l’historique du château de Saint-Alban et de
l’asile, la création de l’Art brut, la naissance et l’évolution de la
psychothérapie institutionnelle.
Sensibilisé par tous ces sujets et soucieux de contribuer
au devoir de mémoire, bien que n’étant ni historien ni psychiatre, l’auteur
reste fidèle à la forme romanesque. Dans son récit se mêlent alors intimement
faits et personnages réels et "héros" fictifs. Puisant dans un fond
de réalité, son livre est donc d’abord une fiction à suspense qui se déroule
sur la courte période de mai à juin
1944 : un jeune homme gravement blessé, Nantais d’origine, est amené à
l’hôpital de Saint-Alban. Ne possédant aucun signe distinctif susceptible de
l’identifier, on ne peut savoir qui il est, d’où il vient, et dans quelles
circonstances il a été blessé. Résistant ? Milicien ? Si l’urgence
est de le soigner, la vigilance demeure, d’autant qu’à son réveil il est plongé
dans une amnésie profonde et durable. Le contact avec un second personnage,
républicain espagnol et ancien mineur asturien, engagé au maquis et également
gravement blessé, va partiellement l’aider à reconstruire sa personnalité au
fil de maintes péripéties qui leur feront découvrir le monde si particulier de
la folie.
Alors que sous le gouvernement de Vichy, et avec sa
complicité, 40.000 malades mentaux mourraient de faim, de froid et de manque de
soins dans la plupart des asiles d’aliénés français, un des rares à résister
fut celui de Saint-Alban-sur-Limagnole en Lozère. Ses 500 pensionnaires furent
sauvés, grâce à la détermination d’une équipe de médecins-psychiatres,
aliénistes d’avant-garde et résistants, notamment les docteurs Lucien Bonnafé,
actif militant antifasciste et Francesco Tosquellas, libertaire espagnol
condamné à mort par la justice de Franco.
Sous l’impulsion de ces médecins patriotes et avec la
complicité du personnel laïque et religieux (les sœurs de la communauté de
Saint-Régis), cet hôpital allait également devenir un actif foyer de la
Résistance. Des dizaines de maquisards blessés y furent soignés clandestinement
en permanence, les mêlant aux "fous", tandis que de nombreux
intellectuels pourchassés par les nazis trouvaient refuge en ces lieux :
Paul Eluard et sa compagne Nush, Raymond Queneau, Jean Marcenac, Tristan Tzara, Georges Sadoul, Denise
Glaser, Georges Canguilhelm et bien d’autres,
tous issus du Surréalisme, mouvement que fréquentait Lucien Bonnafé
avant-guerre.
Mais le plus important est bien l’œuvre d’humanisation des
asiles d’aliénés impulsé avec audace par ces médecins-psychiatres, mouvement
qui, après la guerre, prendra le nom de Psychothérapie institutionnelle. Une
démarche qui affirme la volonté déterminée de révolutionner l’aliénisme,
considérant les malades mentaux comme des êtres humains à part entière, même
s’ils vivent en apparence dans un "autre monde".
Selon son auteur, « ce livre n’a d’autre ambition, sous une forme accessible et plaisante s’efforçant d’être rigoureuse, que de contribuer au rappel nécessaire d’une époque qu’on se doit de ne pas oublier, et de rendre hommage à des hommes et des femmes qui, dans des circonstances difficiles voire dramatiques, n’ont jamais douté de la fraternité, de la solidarité, de l’espérance, de leur foi en l’être humain ». D’où ce roman qui certes puise et s’inscrit dans le riche contexte de son époque historique dramatique, mais nous parle également d’aujourd’hui.
Michel Prodeau, "Nu parmi les fous", 2012, 380 p., prix en souscription : 18 € port compris (ensuite prix public 18 € plus port 4 €), à commander chez l’auteur : le bourg, 48150 LE ROZIER. Mail : prodeau.michel@wanadoo.fr.
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