"Le choix de la ville" : un pari modeste et patient de sa croissance


Rémy Ailleret, directeur général adjoint de l’urbanisme de la ville de Montpellier expose dans ce livre ses réflexions sur l’évolution de la cité. Avec "Le choix de la ville", il ne se positionne pas en expert. Il s’agit plutôt des réflexions d’un acteur issues de vingt ans de pratique quotidienne de l’urbanisme. Elles sont enrichies par les échanges professionnels avec des urbanistes, aménageurs, promoteurs, architectes…, confrontés aux mêmes problématiques
L'auteur occupe, en effet, une situation privilégiée qui permet d’observer la façon dont la ville se transforme, ainsi que par ses précédentes expériences, notamment à la communauté d’agglomération de la Rochelle. C’est pourquoi cet essai concerne d’autres ensembles urbains français.
Pour lui, le terme de "ville" ne désigne pas la collectivité territoriale, ni le territoire communal, mais le cadre de vie urbaine, avec son formidable potentiel d’échanges. Le "choix de la ville" est donc celui d’une politique locale. La grande majorité des politiques publiques déterminantes pour le devenir des villes relèvent des pouvoirs locaux.
Tout projet urbain, aussi modeste soit-il, exige de la patience, de la rigueur et de la souplesse. Tous les aménagements nécessitent l’implication de beaucoup d’intervenants, de nombreuses études et s’inscrivent dans un processus long de concertation publique. Un délai d’une ou plusieurs décennies sépare souvent la décision d’engager une opération et son achèvement. Avec un nécessaire "devoir de modestie".
Les joies et les chances qu’offre la ville, constituent de bonnes raisons de promouvoir son développement. Elle forme un système d’organisation susceptible d’aider notre société à devenir plus juste, plus écologique, capable de produire davantage de richesses. À l’heure où les ressources publiques vont en se réduisant, il faut d’autant plus faire le pari du "levier de la croissance" démographique pour "réparer la ville".
La progression démographique est un moteur permettant à la cité de guérir de beaucoup des "menaces" qui la touchent : les fractures sociales, la poussée des égoïsmes, l’inflation des contentieux. Quand la population chute, les situations sociales, écologiques, la qualité des équipements et des espaces publics sont souvent préoccupantes. Historiquement, ces périodes ont été associées à des catastrophes ou des récessions économiques. À contrario une ville heureuse attire.
Un livre agréable à lire, sans jargon inutile, où l’absence délibérée de références réglementaires et législatives n’empêche pas la profondeur et la pertinence de l’analyse du vécu urbain et de la pratique de l'urbanisme au quotidien.
Rémy Ailleret, Le choix de la ville, l’urbanisme au service d’une ville partagée et créative, Ed. l’Harmattan, 2012, 124 p., 14 €.

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