"La crise de cent ans"

La crise économique et financière qui nous assaille est d'une violence exceptionnelle. À la mi 2011 aucun pays membre de l'OCDE, malgré une succession de plans de relance financés à coup d'aides et d'endettement publics jamais vus, n'avait retrouvé son rythme de croissance tendanciel de la fin 2007.
Pour l'auteur de ce livre - qui avait publié chez Economica, Le Retour de la Très Grande Dépression (1997) - les ouvertures commerciales et financières irréfléchies sont la cause principale des difficultés actuelles qui couvaient depuis trois décennies. De ce point de vue, malgré sa profonde originalité, la crise que nous vivons présente de fortes similitudes avec celles auxquelles l'économie de marché est périodiquement confrontée. 
Nos lointains prédécesseurs, qui vivaient pourtant dans des sociétés réputées aussi prospères que solides, ont déjà subi les rudesses de la compétition généralisée. Toutes ont débouché sur de longs mouvements dépressifs : le marché unique de l'empire romain au IVe siècle, l'Europe chrétienne du XIVe siècle, la crise de 1929.
En prenant en compte les spécificités de notre époque, l'auteur conclut que notre XXIe siècle pourrait être marqué à son tour par une crise globale de longue durée. Elle nécessite d'urgence une remise en cause de tous les tabous économiques et la recherche commune d'une sortie par le haut.

Jean-Louis GOMBEAUD est journaliste économique, éditorialiste sur la radio RTL et sur la Chaîne parlementaire LCP- Public Sénat.

J-L Gombeaud, La crise de cent ans,  Économica (juin 2011), 352 pages, 23 €

Commentaires

  1. "Cent ans de dépression mondiale" par Julien Damon dans Les Échos du 30 juin 2011
    Chronique du livre "La crise de cent ans" par (Jean-Louis Gombeaud Paris, Economica, 2011, 343 pages, 23 euros).

    La crise est une récurrence historique, conséquence des faillites du marché. La situation actuelle est appelée à durer voire à empirer...
    Les jeunes nés au début des années 1970 ont toujours entendu parler de la « crise ». Mauvaise nouvelle, selon le journaliste Jean-Louis Gombeaud, il se pourrait qu'ils la vivent encore très longtemps. Marquée d'un pessimisme bien trempé, l'idée générale de son livre est celle d'une crise latente, devenue manifeste, et appelée à être permanente. Pour conduire sa démonstration, Gombeaud n'est pas avare de rétrospectives et de citations. Sont convoqués à l'appui de son propos « L'Iliade », Xénophon, Aristote, Marx, saint Augustin, Hegel ou encore Clausewitz.
    L'intérêt de l'ouvrage - dont la thèse pourra être jugée extravagante ou implacable -est d'opérer un détour historique long sur l'instabilité des civilisations et des échanges de marché. Cette fresque permet de revoir son histoire des crises. Au début de notre ère, avec le grand marché romain, inflation, délocalisation, mondialisation, marginalisation ou stagnation sont déjà là. Et la grande dépression n'est pas seulement l'apanage des Etats-Unis des années 1930. Entre les XIV e et XV e siècles, l'Europe a aussi connu la sienne. Plus actuel, Gombeaud jongle avec maestria entre anecdotes et grandes décisions qui ponctuent le XX e siècle, de la problématique des magnétoscopes japonais aux petites phrases des uns et des autres.
    Instincts de vie et de mort
    Leçon globale : la concurrence exacerbée peut tuer la croissance. Le constat d'actualité tient d'abord dans l'inégalité grandissante d'un monde où seule une minorité a pu profiter des compromis mondiaux de l'après-Seconde Guerre mondiale, tandis que, même dans les pays émergents, des centaines de millions de personnes vivent dans l'extrême pauvreté. Il permet de distinguer la période récente avec une domination américaine et une Europe à faible croissance gangrenée par le chômage, le tout dans un shaker à cocktails (explosifs) contenant de la dette et du déficit. Remontant donc très loin, et élaborant une certaine théorie des cycles économiques, Gombeaud revoit l'histoire et la science économiques (cette dernière en prenant pour son grade). En un mot, le monde connaît des dérèglements périodiques.
    Certes, les temps changent et les crises passent, mais les cataclysmes peuvent être maintenant de plus grande intensité. Le désenchantement de Gombeaud verse aussi dans le catastrophisme. Savant et accessible, l'ouvrage propose un intéressant voyage. Il n'est assurément pas toujours convaincant, notamment sur les alternatives aux dynamiques à l’œuvre. Il n'en reste pas moins vrai que, comme on le dit dans l'aviation et sur les marchés immobiliers, le sujet est bien de savoir si l'on se dirige vers un « soft landing » ou un « crash landing »...
    Julien DAMON

    http://lecercle.lesechos.fr/node/36149

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