Alain Badiou revit son cinéma

Pour Alain Badiou le cinéma est tout à la fois une formation, un art de vivre et une pensée. Dans ce recueil d’une trentaine de textes, articles et critiques où la philo et le ciné font bon ménage, il décrit son rapport au cinéma, de la fin des années 1950 – dans les "ciné-clubs" scolaires - à aujourd’hui,
Ces textes - certains marqués par la version du marxisme en vigueur à leur époque, le gauchisme maoïste - proposent un parcours varié dans les films de ces cinquante dernières années, des cinéastes classiques (Murnau, Tati, Oliveira, Antonioni, Godard) à certains films américains d’aujourd’hui (Matrix, Magnolia, Un monde parfait), en passant par des expériences singulières revisitée (la "qualité française", Guy Debord, le cinéma de 68, etc.).
De ces textes se dégagent  peu à peu quelques idées fortes : le cinéma est l’art qui rend justice à la figure humaine inscrite dans le monde ; le cinéma est vu dans une position surplombante  des autres arts ; il est un voyage imaginaire et une pensée de l’autre. Le philosophe développe également l’idée du film comme une « configuration sensible de la vérité du monde » qui fait du cinéma rien moins que le « producteur d’une vérité du contemporain ».
Grâce à Badiou le cinéma est décrypté ici comme un art impur qui vampirise son temps, les autres arts, les personnes, et un art majeur en ce qu’il « est précisément le lieu de l’indiscernabilité entre l’art et le non-art ». Ce qui en fait, explique-t-il, "l’art social et politique par excellence", et "le meilleur marqueur de notre civilisation", comme le furent d’autres, avant lui, en leur temps.
Un parcours intellectuel de cinéphile, qu’on prend plaisir à refaire avec lui, bien loin des errements consuméristes du cinéma des "blockbusters" (par ex. Harry Potter) d’aujourd’hui.
A.Badiou, Cinéma, Ed.Nova, 2010, 420 p. 25 €.

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