à la Bibliothèque Nationale de France
du 30 septembre 2010 au 9 janvier 2011
du 30 septembre 2010 au 9 janvier 2011
Film de l'exposition La France de Raymond Depardon
Pendant cinq ans dans son fourgon aménagé, au gré des saisons et de la lumière, le cinéaste et photographe Raymond Depardon a réalisé une idée folle qui le travaillait depuis longtemps : photographier la France à la chambre 20x25. Avec bonheur, patience et obstination, il a imprimé plus de six mille négatifs couleur, s’interrogeant toujours avec acuité sur les liens entre l’image et l’éthique, cadrant frontalement et à égalité les territoires que chacun rêve de visiter et ceux qui se dérobent à tout romantisme.
« La France de Raymond Depardon » présente une installation de 36 tirages argentiques couleur lumineux de très grand format et permet également au public d’accéder aux arcanes de la réalisation.
BnF François-Mitterrand
Grande Galerie
Quai François-Mauriac, Paris XIIIe
Du mardi au samedi 10h > 19h, dimanche 13h >19h
Fermé lundi et jours fériés.
Entrée : 7 euros, tarif réduit : 5 euros
Entretien avec Raymond Depardon
dans l'Humanité du 29 septembre (Extraits)
- Que reste-t-il de la notion de territoire français, depuis que les frontières ont été supprimées?
Raymond Depardon. Lorsqu’on est venu me chercher pour photographier la France dans le cadre de la mission de la Datar, j’avais détourné le cahier des charges pour réaliser un sujet sur la ferme de mes parents, je ne m’étais pas vraiment coltiné le territoire. Là, je me suis aperçu que la notion de territoire passe par une infinité de signes infimes qui font la différence entre le canton de Vaud, en Suisse, et un département français. Mais l’idée régionale, elle, reste formidable et, je pense, nécessaire. Et cette France républicaine est sans doute celle qui résiste le mieux à la mondialisation !
Pour tout vous dire, le territoire, je l’avais divisé en trois parties. 1, le littoral qui est un business ; 2, l’intérieur des terres qui va bien : l’Alsace, la Franche-Comté, le Pays basque, certains coins du Nord ; 3, l’intérieur des terres avec des poches qui vont mal: le Gers, les Charentes, le Languedoc-Roussillon, la Nièvre, la Creuse ; 3 bis, l’arrière-pays, en pleine transformation. Mais cette France-là bouge plus vite qu’on ne le pense!
- Vous dites avoir réuni les Français des 440 "pays" arpentés. Autour de quoi sont-ils rassemblés? L’histoire? La culture? Les valeurs ? Qu’est-ce qui est transversal à la France, qu’est-ce qui en fait l’unité ?
Raymond Depardon. La France, ça râle pas mal, ça aime les enfants, manger, chanter, arroser ses géraniums, ça bosse beaucoup ! Je ne sais pas ce qui fait la France, sans doute, d’abord, notre histoire quotidienne commune, mais aussi sa langue et cette lumière de l’heure du goûter que je nomme la lumière de l’école buissonnière.
Pourquoi ce choix de photographier la France à la chambre ?
Raymond Depardon. Pour ne pas avoir à me poser de questions. La chambre ne peut pas tricher. Pourquoi me suis-je arrêté à Saint-Claude devant ce marchand de pneus? Ce n’était pas un moment décisif, il n’y a pas eu de prouesse technique, et pourtant, ce non-moment en est devenu un. En photographiant cet homme, je photographie la France du travail qui n’a rien à cacher, qui est généreuse, plus joyeuse qu’on ne le pense. C’est un homme menacé, mais pas accablé.
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Pendant cinq ans dans son fourgon aménagé, au gré des saisons et de la lumière, le cinéaste et photographe Raymond Depardon a réalisé une idée folle qui le travaillait depuis longtemps : photographier la France à la chambre 20x25. Avec bonheur, patience et obstination, il a imprimé plus de six mille négatifs couleur, s’interrogeant toujours avec acuité sur les liens entre l’image et l’éthique, cadrant frontalement et à égalité les territoires que chacun rêve de visiter et ceux qui se dérobent à tout romantisme.
« La France de Raymond Depardon » présente une installation de 36 tirages argentiques couleur lumineux de très grand format et permet également au public d’accéder aux arcanes de la réalisation.
BnF François-Mitterrand
Grande Galerie
Quai François-Mauriac, Paris XIIIe
Du mardi au samedi 10h > 19h, dimanche 13h >19h
Fermé lundi et jours fériés.
Entrée : 7 euros, tarif réduit : 5 euros
Entretien avec Raymond Depardon
dans l'Humanité du 29 septembre (Extraits)
- Que reste-t-il de la notion de territoire français, depuis que les frontières ont été supprimées?
Raymond Depardon. Lorsqu’on est venu me chercher pour photographier la France dans le cadre de la mission de la Datar, j’avais détourné le cahier des charges pour réaliser un sujet sur la ferme de mes parents, je ne m’étais pas vraiment coltiné le territoire. Là, je me suis aperçu que la notion de territoire passe par une infinité de signes infimes qui font la différence entre le canton de Vaud, en Suisse, et un département français. Mais l’idée régionale, elle, reste formidable et, je pense, nécessaire. Et cette France républicaine est sans doute celle qui résiste le mieux à la mondialisation !
Pour tout vous dire, le territoire, je l’avais divisé en trois parties. 1, le littoral qui est un business ; 2, l’intérieur des terres qui va bien : l’Alsace, la Franche-Comté, le Pays basque, certains coins du Nord ; 3, l’intérieur des terres avec des poches qui vont mal: le Gers, les Charentes, le Languedoc-Roussillon, la Nièvre, la Creuse ; 3 bis, l’arrière-pays, en pleine transformation. Mais cette France-là bouge plus vite qu’on ne le pense!
- Vous dites avoir réuni les Français des 440 "pays" arpentés. Autour de quoi sont-ils rassemblés? L’histoire? La culture? Les valeurs ? Qu’est-ce qui est transversal à la France, qu’est-ce qui en fait l’unité ?
Raymond Depardon. La France, ça râle pas mal, ça aime les enfants, manger, chanter, arroser ses géraniums, ça bosse beaucoup ! Je ne sais pas ce qui fait la France, sans doute, d’abord, notre histoire quotidienne commune, mais aussi sa langue et cette lumière de l’heure du goûter que je nomme la lumière de l’école buissonnière.
Pourquoi ce choix de photographier la France à la chambre ?
Raymond Depardon. Pour ne pas avoir à me poser de questions. La chambre ne peut pas tricher. Pourquoi me suis-je arrêté à Saint-Claude devant ce marchand de pneus? Ce n’était pas un moment décisif, il n’y a pas eu de prouesse technique, et pourtant, ce non-moment en est devenu un. En photographiant cet homme, je photographie la France du travail qui n’a rien à cacher, qui est généreuse, plus joyeuse qu’on ne le pense. C’est un homme menacé, mais pas accablé.
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