Capitalisme (2)

Un autre capitalisme n’est pas possible

Le capitalisme est en crise. Il pourrait même s’agir d’une des plus graves crises de l’histoire moderne. Et pourtant, à suivre l’actualité au jour le jour, l’opinion publique peut avoir le sentiment que cette crise est déjà derrière nous. Or, le pire est sans doute encore à venir, malgré les propos rassurants tenus et les aménagements envisagés.
En effet, la réactivation annoncée de l’intervention étatique a notamment pour objet la négation de la nature de biens publics à la fois gratuits et libres de composantes fondamentales du patrimoine commun de l’humanité, comme le savoir, l’éducation ou les infrastructures sociales et des ressources naturelles.
Ce livre nous propose un voyage dans les «entrailles du monstre». Il dirige « le feu de la critique contre le paradigme néoclassique, et surtout sa théorie de la croissance, jusqu’au traitement qu’elle réserve à l’environnement ».
Sa première partie est d’abord consacrée à l’analyse théorique rétrospective et contemporaine de la « science-fiction néoclassique ». Le capitalisme est pointé comme une menace contre l’humanité et la vie, à travers la faillite de l’économie dominante de l’environnement. Il souligne que l’écologie politique devrait éviter « les fausses alternatives », telles que les marchés à polluer et la décroissance, pour ouvrir véritablement la voie à l’émancipation sociale.
Dans une deuxième partie, les limites des politiques économiques menées par les gauches au pouvoir sont mises en évidence à partir de l’étude de quatre expériences :
- Barack Obama aux États-Unis, depuis novembre 2008, écartelé « entre guerres de la haute-finance et crise systémique du capitalisme ».
- François Mitterrand et le parti socialiste dans la France des années 80, avec leur « invention du néolibéralisme d’Etat » à la française.
- Lula et le Parti des travailleurs au Brésil (2002-2010) au cours des deux mandats présidentiels qui s’achèvent dans  « la perfection du néolibéralisme post-mortem »
- Hugo Chávez au Venezuela. « Lorsqu’une avancée révolutionnaire surgit, ce sont les rigidités des structures du capitalisme qu’elle doit affronter ».
Car c’est évidemment vers l’Amérique latine que les yeux se tournent. Les efforts de transformations sociales et de régionalisation mises au service des peuples font la démonstration qu’il est possible de passer de la défensive à l’offensive et d’ouvrir à nouveau les débats sur les alternatives anticapitalistes et les processus de transition socialiste.
Dan sa conclusion, l’auteur souligne que « la crise du capitalisme marque le temps où il devient possible de pousser au maximum les contradictions du système, jusqu’à la fin de la domination du capital, soit l’abolition, non pas des moyens de production, mais des rapports de production capitalistes (…) Le dépassement du capitalisme et de ses valeurs en est l’objectif, afin d’abolir toutes les formes d’exploitation et d’oppression, de classe, de genre, de race. La question qui reste posée est bien celle de savoir comment, au-delà des échecs et des erreurs du passé, les peuples de la civilisation universelle peuvent continuer à espérer construire ensemble un avenir post-capitaliste ».
Rémy Herrera, « Un autre capitalisme n’est pas possible », Ed.Syllepse, 2010, 204 p., 20 €.

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