Thierry Paquot, "L'art de la sieste".
Quoi ? Dormir en plein jour ? Faire la sieste ! Honte à tous ceux qui se livrent à cette pratique d’un autre âge, à interdire, condamner, punir. Face à ces clichés, l’auteur, Thierry Paquot, philosophe et urbaniste, le proclame : « la sieste est un temps fort d’un art de vivre, qu’il convient de défendre, de populariser, de pratiquer, avec conviction, plaisir et sérieux ».
Quoi ? Dormir en plein jour ? Faire la sieste ! Honte à tous ceux qui se livrent à cette pratique d’un autre âge, à interdire, condamner, punir. Face à ces clichés, l’auteur, Thierry Paquot, philosophe et urbaniste, le proclame : « la sieste est un temps fort d’un art de vivre, qu’il convient de défendre, de populariser, de pratiquer, avec conviction, plaisir et sérieux ».
Après avoir traqué les nombreux endormi(e)s diurnes dans la peinture et la littérature, l’auteur, philosophe de l’urbain, professeur des Universités, souligne que « la sieste est mal aimée des sciences humaines et sociales ». Les historiens ont raconté l’histoire du lit, des draps, du ronflement, des insomnies, mais de la sieste point. Les géographes ont tout cartographié. Mais aucune géopolitique comparée de la sieste. Or, si l’Europe du nord se cache pour siester, l’Amérique latine en revendique le plaisir – hamacs du Brésil ! - et dans une moindre mesure, l’Afrique et l’Asie.
Les philosophes (Bergson, Bachelard) à travers les notions de temps et de durée, s’étaient intéressés, avant guerre, au "rythme" de la vie. H.Lefebvre a repris cette idée bachelardienne de "rythmanalyse" dans ses travaux pionniers d’introduction à la critique des rythmes de la vie quotidienne.
La sieste, contrairement à l’idée reçue vulgaire, n’intervient pas seulement en été, après le déjeuner. Elle nous invite, chaque jour, à une halte, brève et dense. Et nous voilà détendu, requinqué, prêt à redémarrer. Mais attention, la société de l’efficience veille. La NASA considère que 40 mn de repos dans la journée de travail augmentent de 34% les performances d’un individu. Le patronat s’emploie à récupérer cette aubaine. Des "siestoirs" s’installent dans certaines entreprises.
Pour autant, la sieste doit rester un temps véritablement libre, qui n’appartient qu’au dormeur. C’est un moment de mise-en-présence-avec-soi par une absence délibérée au monde.
Un vibrant plaidoyer pour une maîtrise de l’emploi du temps de chacun par chacun, pour la reconnaissance d’un moment pour rien d’autre que pour dormir - même s’il en est de "crapuleuses" - d’une valeur inestimable. Déculpabilisée, la sieste n’a donc plus besoin d’aucune justification rationnelle, logique. Siesteurs de tous les pays, allongez-vous !
T.Paquot, L’art de la sieste, Ed. Zulma, 2008, 92 p. 8,5 €
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