La morgue et le mépris : les médias face aux mobilisations sociales


Depuis plus de dix ans, les mobilisations sociales qui contestent les réformes imposées par les gouvernements libéraux n’ont pas l’heur de plaire à l’unanimité des présentateurs, éditorialistes et chroniqueurs qui trônent au sommet du journalisme. En 1995, ils ont soutenu la « réforme » de la Sécurité sociale. En 2001, ils ont salué la « réforme » du statut de la SNCF. En 2002, ils ont apprécié la « réforme » du statut des intermittents. En 2003, ils se sont félicités de la « réforme » des retraites En 2005, ils ont beaucoup aimé le « Contrat Nouvelle embauche ». Et si, en 2006, ils ont regretté le CPE, c’est uniquement parce qu’il avait été mal négocié.
Ce livre analyse les discours et les pratiques qui témoignent de leur morgue libérale et de leur mépris social. Car à lire et à entendre tous ces « gardiens du consensus »,  les acteurs de ces mobilisations, quand ils ne souffrent pas de troubles mentaux, n’obéiraient qu’à des mobiles irrationnels et égoïstes. Grèves et manifestations ne seraient que le fait de fauteurs de trouble à l’ordre public, et de « preneurs d’otages ». Leur manière de rendre compte des mobilisations sociales est prisonnière de schémas et de pratiques (portraits, micros-trottoirs, etc.) qui réduisent l’expression des grévistes et manifestants à celle de leur malaise : simples témoins individuels des mobilisations collectives
Prenant notamment appui sur le cas de J-P Pernaut de TF1 il montre pourquoi et comment de tels discours et de telles pratiques s’imposent. Et s’interroge aussi sur comment leur faire face et tenter de les transformer ?
H.Maler et M.Reymond : Médias et mobilisations sociales, la morgue et le mépris. Ed. Syllepse/Acrimed, mars 2007, 160 p., 7 €. 

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