Le football à l’heure de la Coupe du Monde 2006


Le meilleur ou le pire de la mondialisation ?
A l’occasion de la coupe du monde 2006, le football fait l’objet d’une empoignade éditoriale sans précédent. Pro et anti-foot s’y affrontent sans ménagement.
Pascal Boniface rappelle d’abord que « les intellectuels ont traditionnellement considéré les sportifs avec commisération. Ils ont souvent du mépris pour les travailleurs manuels, alors comment respecter ceux qui ne se servent même pas de leurs mains pour faire du sport ? Les footballeurs sont rapidement pris pour des imbéciles, les supporters pour des beaufs ou des meutes alcoolisées. ». 
Plus fondamentalement il pose la question: « Le football serait-il un nouvel opium du peuple ? Pour certains sociologues la Coupe du monde et les différentes compétitions internationales ne seraient que la continuation des jeux du cirque de la Rome antique, gigantesques entreprises de décérébration des foules, qui, pendant qu’elles admirent les déboulés de Ronaldinho ou les passements de jambes de Zidane, ne songent pas à contester l’ordre social. Le sport en général, le football en particulier, serait ainsi au service du projet inhérent à toute classe dominante : perpétuer sa domination sociale. »
C’est bien ainsi que, quant à eux, J-M Brohm et M.Perelman, dénoncent vertement le « consensus post moderne autour du football » qui, selon eux, « de la gauche durable à la droite libérale carnassière, a trouvé son terrain d’élection dans la Coupe du monde de football en 1998 qui fut un bon révélateur de la crétinisation des intellectuels, des "leaders d’opinion", particulièrement les journalistes de gauche, et bien sûr des légions de la pensée unique sportive où  se sont croisés vedettes du show-biz, starlettes multimédias, grands penseurs de notre temps, publicitaires affairistes et présentateurs serviles du prêt à penser. Tous supporters enragés, fous de foot, fétichistes des terrains, fanatiques du cuir et du gazon. Aujourd’hui encore, ces affiliés à la grande famille du foot ferment soigneusement les yeux – par mauvaise foi, hypocrisie ou mauvaise conscience – sur les ravages du dopage, les corruptions mercantiles, l’affairisme mafieux, les explosions de violence, le racisme et la haine de l’autre qui gangrènent le spectacle multinational du football (…) Qu’importent les scandales, les exactions criminelles des supporters, les manipulations politiques, la fanatisation des masses, les morts et les blessés des stades, pourvu qu’on ait le bonheur, l’euphorie, l’exaltation chavirante. Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ».
Après avoir étudié les ressorts de ce courant anti-foot, pour mieux le réfuter, P.Boniface en arrive, de son côté, à cette conclusion. «  Chacun à le droit d’aimer ou de ne pas aimer le football. Il serait beaucoup plus gênant de développer à partir d’une position universitaire prétendument scientifique, à l’encontre du football une vision purement idéologique, basée sur des a priori. Et d’autant plus que ses arguments ne seraient pas fondés sur l’étude des faits réels, mais sur des postulats erronés, quand il ne s’agit pas de fantasmes. Les amateurs de football sont les premiers à être conscients des dérives possibles et/ou actuelles de leur sport favori (…) Il faut se garder de toute opinion qui serait profondément condescendante par la crainte ou  le mépris de la passion populaire, pour les émotions collectives. Au mépris du peuple s’ajoute le dégoût du jeu. Chacun a bien sûr le droit d’être un peine à jouir. Je prêche, quant à moi pour celui d’être sourd à leur prosélytisme ». 

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