Hôpital de Savenay, un patrimoine en remake tardif

 


On s’alerte donc, selon la presse locale, sur l’atteinte au patrimoine que constitue l’affichage d’un permis de démolir. Le problème ? C’est un peu tard, une fois que le char de l’urbanisme éco-métropolitain, dont la compétence est passée des communes à la communauté de communes à travers le PLUi (plan local d’urbanisme intercommunal), est en route et près du but, aucunement freiné par le confinement. Les associations d’histoire locales ont été interpellées à se sujet, comme je l’ai été personnellement. Quelques remarques à ce sujet.

Aucun doute, l’hôpital de Savenay créé dans son testament par Jean de Châteaugiron, curé de Savenay, le 14 mars 1450 ( suivre le lien : http://www.jy-martin.fr/V1/article912e.html?id_article=20 ) est l’un des fleurons du patrimoine local, au même titre que l’ex-École normale devenue lycée Jacques Prévert, ou l’abbaye de Blanche-Couronne, comme d’autres dans le territoire intercommunal.

Des opposants d’aujourd’hui - qui ne s’opposent par ailleurs plus à grand chose depuis mars 2020 - « saisis par le patrimoine », cherchent à exister sur le créneau de sa défense, en l’occurrence celui des vieux bâtiments à l’abandon de l’hôpital de Savenay. Ce scénario avait déjà été joué autour de la réhabilitation savenaisienne du couvent des Cordeliers (voir : Le couvent des Cordeliers de Savenay, 1419-2029, Ed. du Petit-Pavé, 2019, chapitre 8).

Doit-on, d’ailleurs, s’illusionner sur l’impact réel de l’engouement sur le patrimoine ? A la Chapelle-Launay, un sondage express, au titre de « démocratie participative », sur une petite dizaine de « projets citoyens » vient de montrer que le lauréat, un « jardin des abeilles », l’emporte haut-la-main sur celui d’un ouvrage patrimonial sur l’Abbaye de Blanche-Couronne, bon dernier : pour les abeilles 50 % des réponses, et pour l’abbaye 5 % , il n’y a pas photo.

La défense du « grand » patrimoine, celui des bâtiments historiques - sans oublier tout le petit patrimoine, « de la Cathédrale à la petite cuiller » - mérite assurément mieux qu’un sursaut de dernière minute, pour jouer les prolongations, quand le match semble malheureusement plié. C’est, au contraire, un travail permanent, minutieux et de longue haleine, qui doit être soigneusement tenu à l’écart de toute tentative de récupération ou d'instrumentalisation. Mais c'est ce dont notre époque ne semble, à l’évidence, plus guère se soucier.

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