Orange 3900 : colères en Estuaire et Sillon

Lu dans la presse locale du 25 juillet (Presse Océan, mais aussi Ouest-France, un "énième" cas de dysfonctionnement du réseau Orange dans les périphéries du périurbain nantais, ici à la Mainguais, hameau savenaisien. Quels que soient les opérateurs de téléphonie fixe (Bouygues, SFR, Free), à la fin des fins, ils utilisent tous le réseau filaire cuivre d’Orange, ex-opérateur "historique", et responsable exclusif de ce réseau, laissé dans un piteux état d’entretien, source de coupures de plus en plus fréquentes. Les soi-disant "dépannages" sont sous-traités à des entreprises qui n’interviennent qu’à la demande d’Orange. Les retards constatés et vécus datent de bien avant le confinement du Covid-19. Simplement, avec lui, les délais s’allongent encore plus. 

Quant à la possibilité de contacter le 3900 d’Orange... courage ! Chemin de croix, ou parcours du combattant, au choix [1]. Alors qu’on se félicite localement de l’arrivée du très haut débit via la fibre optique, seuls certains quartiers centraux limités (un "triangle d'or" central à Savenay) et zones d’activités des principales communes (comme la Colleraye ou Porte Estuaire) sont à ce jour concernés.


Ouest-France du 25 juillet


Cette mutation de l’ADSL au câble ne corrige que très partiellement les retards accumulés depuis vingt ans maintenant, et génère de nouvelles inégalités numériques territoriales : une "fracture numérique" chasse l’autre. En fait elles se cumulent l’une après l’autre.

Pourtant la qualité et la fiabilité de la desserte téléphonique et numérique sont devenues un facteur clé de l’attractivité de tout le territoire. Non seulement pour son activité économique, sa "visibilité touristique", mais pour l’ensemble de ses habitants. La montée en puissance du télétravail pendant le confinement l’a souligné.

Il serait vraiment temps que les collectivités, communes et intercommunalités, s’emparent sérieusement de ce problème, sans s’arrêter à la béatitude sur la fibre optique, très partiellement déployée par le Département. Mais peut-être les nouveaux élus-décideurs ne mesurent-ils pas vraiment l’ampleur et la gravité du problème, étant eux-mêmes les premiers bénéficiaires de la fibre optique. Et oubliant du même coup le sort de la grande majorité de leurs concitoyens qui galèrent toujours avec l'ADSL débit minimum et ses coupures prolongées du réseau filaire cuivre Orange.


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Note :

[1] Voir le chapitre 8 de mon livre : 

"Paysages, pouvoir et colères du Sillon à l'Estuaire" , Editions du Petit Pavé, 2020 :  Coups de mous dans le haut-débit", p. 143-159]

Extrait : p.158-159

"Coupures de lignes

Mais encore faut-il que le signal passe. Avec la vétusté et la fragilité du réseau filaire aérien Orange en zone rurale et périurbaine, absolument pas entretenu ni amélioré, les ruptures deviennent de plus en plus fréquentes. Les fils téléphoniques se retrouvent imbriqués et mélangés aux branches tombantes des arbres dans les haies. À défaut d'un élagage par les propriétaires des parcelles riveraines - dont la responsabilité leur incombe pourtant - il se produit au jour le jour par les passages répétés des hauts engins agricoles, des camions semi-remorques et des cars scolaires, avec tous les risques que cela comporte. Avec le vent et l'humidité, à l'automne notamment, les coupures de liaison téléphonique (fixe) sont fréquentes. Ce désagrément m'arrive régulièrement depuis plusieurs années. Or l'absence de signal téléphonique c'est non seulement plus de ligne fixe, mais également écrans noirs, internet et télévision numérique.

Allô le 3900 : dur, dur le dialogue avec le SAV d'Orange

Dans ce cas, commence alors un véritable parcours du combattant. D'abord signalement du problème à l'opérateur de téléphonie, à son SAV par téléphone, portable évidemment, qui insinue ipso facto que c'est le branchement de vos équipements qui est mal fait ou configuré.

Systématiquement, le client est pris pour un incapable neu-neu. Il faut insister beaucoup pour faire comprendre que ce n'est pas nécessairement le cas. Ensuite il faut obtenir un rendez-vous à domicile avec des techniciens. Ça peut prendre plusieurs jours à plusieurs semaines, parce que l'entreprise sous-traitante ne se déplace pas immédiatement dans le vaste périurbain. L'équipe sous-traitante du fournisseur d'accès vient finalement à votre domicile voir votre installation. Après vérification, elle constate que, finalement, vous n'êtes pas si benêt que ça ; que tout est normal dans le branchement, et que par conséquent c'est bien la ligne aérienne Orange qui est en cause. « quelque part », comme vous l'affirmiez depuis le début, sans être écouté. Mais, si vous n'êtes pas abonné chez Orange, double peine, c'est reparti pour un tour. Car seul Orange est habilité à intervenir sur le réseau filaire de « l'opérateur historique » France-Télécom qui en est resté le propriétaire. Dans le cas contraire, celui d'un fournisseur autre, on recommence tout à zéro : nouveau rendez-vous avec, cette fois, une autre équipe technique non plus, cette-fois, de France-Télécom mais celle du fournisseur d'accès. Encore quelques jours ou semaines de plus à attendre. Toutefois, soyons juste, Orange ne vous laisse pas dans la mouise si vous êtes client : vous pouvez aller retirer à une boutique Orange un domino 3G de dépannage, mais au débit faible et aléatoire. Étrange impression de revenir au 512 ko.

Problème lié : la boutique Orange la plus proche de Savenay se trouve à Saint-Nazaire Trignac ! D'où déplacement, et une queue inévitable dans un magasin dédié avant tout aux téléphones portables. Encore du temps perdu et une patience mise à rude épreuve. Enfin, une équipe technique (re)vient, mais jamais la même évidemment, qui redécouvre à chaque fois l'état précaire du réseau filaire de votre domicile au DSLAM/répartiteur. Elle trouve rapidement la défaillance, la rafistole en raboutant les fils tant bien que mal... Jusqu'à une prochaine tempête qui ne saurait tarder. À la fin de tout ce long chemin de croix, il n'y a pas que les fils téléphoniques qui soient à vif : vos nerfs aussi."


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