VILLES
RADICALES, du droit à la ville à la démocratie radicale
En
rapprochant les idées de Démocratie Radicale et de Villes Rebelles,
ce livre a pour objet d’introduire et d’élaborer le concept de «
Villes Radicales ». Dans le cadre de l’ordre néolibéral, les
villes sont des lieux de répression, d’injustice et
d’exploitation. Par exemple, les « villes numériques » sont
souvent des laboratoires d’ordre policier et de contrôle, de
discrimination raciale et de violence étatique.
En même temps,
l’urbain envisage un espace où se déroulent des luttes politiques
et des pratiques émancipatrices. Depuis la mouvance traditionnelle
anarchiste jusqu’aux mouvements sociaux du vingtième siècle, le
domaine urbain peut être considéré comme un champ d’interventions
qui, par sa nature, est capable de réaliser des réseaux autonomes.
Il n’est donc guère surprenant qu’aujourd’hui des citoyens,
des activistes et des politiques soient en train de reformuler un
intérêt pour le gouvernement urbain et local. A travers l’Europe
et même au-delà, nous pouvons observer de nouvelles formes de
gouvernement au niveau local et général des villes, qui
expérimentent des pratiques et des institutions démocratiques
nouvelles.
Bien
qu'un appel à un nouvel horizon démocratique soit omniprésent, les
auteurs estiment que ce que proposent certaines théories radicales
actuelles de la démocratie semble assez frileux. Pour eux, il est
difficile de savoir si ces théories radicales de la démocratie sont ancrées dans les pratiques et les expériences quotidiennes des
gens, ce qui leur apparaît nécessaire pour apporter des réponses
adéquates aux limites de l'ordre capitaliste et néolibéral, aux
politiques d'austérité, à la recrudescence des gouvernements
nationalistes et aux mouvements d'extrême droite.
Ils
remarquent que les luttes en faveur des Villes Radicales, ainsi que
les villes elles-mêmes, varient constamment. Les mouvements
« municipalistes » n'ont pas de « Plan Directeur »,
uniquement des expériences et des histoires locales. De même, les
questions auxquelles s'attaquent ces initiatives semblent répondre à
des problèmes similaires, avec pour dénominateur commun inquiétant
un espace toujours plus restreint pour les pratiques démocratiques.
Ils
veulent souligner cependant, avec ce recueil sur les Villes
Radicales que, malgré leurs limites et leurs insuffisances, les
mouvements municipaux peuvent être autant d'exemples, comme le
clament souvent les protestataires, de « ce à quoi ressemble
la démocratie ». Le terme « Radical » marque une
évolution par rapport à l'expression « Villes rebelles » (David Harvey).
Il indique que les mouvements municipaux sont impliqués dans une
batterie d'expérimentations politiques. Les outils et institutions
sont évalués et adaptés aux revendications des luttes urbaines qui
s'étendent sur la ville.
Le
collectif « engagée » est un projet politique et de recherche
située à l'intersection de la philosophie, de la politique et de
l'art. Ce projet encourage des pratiques émancipatrices et des
interventions philosophiques qui comblent l’écart entre la théorie
et la pratique qui concernent l’urbain et ses transformations. Le
collectif est composé par Alessio Kolioulis, Felix Maschewski,
Anna-Verena Nosthoff, Valérie Scheibenpflug, Johannes Siegmund et
Rahel Sophia Süß, et est basé entre Vienne, Berlin et Londres.
VILLES
RADICALES, du droit à la ville à la démocratie radicale
Collectif
« engagée », Éditions ETEROTOPIA France, collection À PRÉSENT,
Paris, avril 2019, 102 pages, 12 €.
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