"L'avenir n'appartient pas aux seules métropoles "



Le chercheur Olivier Bouba-Olga, économiste, pourfend le mythe d’une division entre métropoles « excellentes » et territoires « périphériques ». Mais l'analyse reste ambiguë et ne permet pas de comprendre le mouvement des Gilets jaunes . Les milieux académiques qui, en général, de leur propre aveu "n'ont rien vu venir", économistes compris, ne voient les périphéries que de loin (des centralités) et de haut (en surplomb intellectuel et culturel) continuent donc sur la ligne du Guilluy bashing, comme si de rien n'était.
D'un coté, le mythe de la métropolisation d'excellence est certes dénoncé comme « une nouvelle mythologie, basée sur quatre termes qui font système : compétitivité-attractivité-métropolisation-excellence. Cette « Came » intoxique tous les discours politiques, quel que soit leur bord. On pourrait résumer cette théorie en quelques lignes : 1) Mondialisation oblige, tous les territoires sont en compétition les uns avec les autres (compétitivité). 2) Si on veut continuer à créer richesse et emplois, il faut arrêter de penser que tous les territoires peuvent gagner et soutenir en priorité ceux qui peuvent tirer leur épingle du jeu mondial (métropolisation). 3) Ces territoires ont un avantage car il s’agit de territoires attractifs, où convergent les créatifs, les fondateurs de start-up, les meilleurs chercheurs, etc. (attractivité). 4) Au sein de ces grandes villes, il faut soutenir en priorité les talents, les projets novateurs et les meilleurs profils (excellence). Politiquement, c’est un discours difficile à assumer. C’est pourquoi ceux qui le portent ajoutent un second couplet : pour ne pas abandonner tous les autres territoires, il faut les raccrocher aux métropoles et organiser de nouvelles coopérations... » Excellent tableau.
Ce que j'écrivais en 2015 dans Place Publique # 50
Mais, d'un autre côté, si on reconnaît, du bout, des lèvres quelques mérites pionniers à Guilluy, c'est pour mieux in fine l'enfoncer : « Ce géographe a imposé un vocabulaire qui structure les représentations de la plupart des acteurs politiques et médiatiques. Il a montré dans ses premiers travaux, à juste titre, que des gens éloignés des grandes villes souffraient. Le problème c'est qu'il est monté trop vite en généralité. Des gens souffrent dans les espaces ruraux et le villes moyennes, certes, mais d'autres réussissent très bien [combien?]. A contrario, des gens souffrent dans les grandes villes, c'est même en leur sein qu'on trouve la majeure partie des personnes pauvres [en gros "Nous avons aussi nos (plus) pauvres !" Mais, ça, qui le nie ?]. S'il existe bien des fractures sociales, nombreuses et que, l'on doit traiter, la transposition géographique [ qu'est-ce à dire ?] de ces fractures sociales est un piège qui ne permet pas de comprendre la réalité » ! En termes géographiques pourtant, le pendant de la métropole n'est plus seulement les espaces ruraux, et leurs petites villes, mais plutôt désormais le "périurbain", un mot qui reste quasi tabou, notre économiste ne m'emploie d'ailleurs pas : plus facile de rester dans la dichotomie dépassée urbain/rural, ou ville/campagne. Le critère exclusif de décrochage en périurbain, des classes populaires et moyennes, n'est plus la pauvreté absolue, mais la menace d'une paupérisation relative accélérée de tous. 
Malgré l'émergence choc du mouvement des gilets jaunes, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir dans le décryptage des inégalités et fractures socioterritoriales qu'elle révèle.

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