Pour le droit à une bonne desserte numérique en périurbain






Ce qui s'est passé le 9 octobre à Feuillée, la Chapelle-Launay

Le mardi 9 octobre un peu après 9 h., tout le village de la Feuillée a été privé de signal téléphonique, non pas par des travaux habituels sur la ligne ou au répartiteur du Tillon, mais par une rupture du câble téléphonique collectif desservant le hameau, environ 100 m. à gauche, après le "tunnel" qui passe sous la RN 165, en direction de Feuillée.

Le tunnel sous la RN165 et les poteaux tirés sur 30 mètres avec le câble
 après avoir été cassés à la base

En pénétrant dans un champ à grande vitesse, un engin agricole de haute taille a crocheté le câble et son filin d'acier porteur, sans que son conducteur ne s'en rende compte. Il l'a tiré et tendu sur une trentaine de mètres, cassant finalement, au bout, deux poteaux en bois solidarisés, et arrachant une boite de connexion des 60 paires de fils desservant les usagers du téléphone et d'internet dans le hameau. Le câble, les poteaux et la boite de connexion ont été tirés dans le fossé sur 30 mètres jusqu'à l'entrée du champ où le tout a été laissé à terre.

Le vendredi 12, deux articles sont parus dans la presse locale.


Pourquoi rien ou presque n'a été fait pendant 10 jours ?

Dès le mardi 9 plusieurs abonnés se sont signalés auprès d'Orange ou de leurs opérateurs, et en mairie. L'opérateur « historique » a été informé d'abord par des appels au service client Orange, ou des opérateurs autres qui utilisent également le réseau filaire d'Orange. Selon les modalités en vigueur, ce genre d'incident/accident collectif est difficile et long lorsqu'il s'agit de faire réagir et intervenir les opérateurs, Orange compris. Toujours ils mettent d'abord en cause l'installation du particulier (« vérifiez vos branchements »), avec une visite à domicile à la clé, plusieurs jours bien après, pour constater que le problème est ailleurs, ce que tout le monde sait ici depuis le début.

Des interventions discrètes d'Orange (ou de ses sous-traitants) ont pourtant eu lieu pour reconnecter 2 fois 4 paires (abonnés) dans les 48 h. suivant la rupture du câble (2 petits câbles blancs de 30 mètres qui traînent par terre et dans le fossé, pour relier les deux extrémités du câble rompu). Outre qu'elles paraissent chaque jour qui passe plus injustes pour les autres usagers, elles font cependant la démonstration indiscutable que si une telle intervention rapide a été réalisable pour quelques-uns, elle pourrait l'être aussi vite pour tous.

L'intervention « officielle » d'Orange a été annoncée verbalement pour le 9 novembre ! C'est beaucoup trop long ! Avec la perte de connexion, ce n'est pas que le seul téléphone fixe qui est coupé, mais internet, le wifi, la télé numérique par câble téléphonique, etc. Pas seulement pour le loisir (à la veille des vacances scolaires), mais également pour le télétravail à domicile.

Une dizaine d'habitants de Feuillée au conseil municipal de la Chapelle-Launay
du jeudi 18 octobre

Le jeudi 18 octobre, en Conseil municipal de la Chapelle-Launay, les élu(e)s, après avoir écouté les explications et les attentes d'une dizaine d'habitant(e)s du village de La Feuillée ont exprimé leur soutien, y compris à l’initiative de "reconnexion citoyenne" annoncée pour le dimanche 21 à 11h. à l'entrée du champ de la rupture (du câble), sous la forme d'un "Apéro pour le rebranchement".

Pour une intervention d'urgence rapide

Dans cette affaire, beaucoup semblent plutôt fuir ses responsabilités. L'auteur du sinistre, comme « l'opérateur historique » en charge du réseau, qui traîne des pieds. Nous sentant abandonnés, habitants et usagers du téléphone/internet de Feuillée, nous voulons une intervention d'urgence pour tous très rapidement.

Ayant observé le « chantier » laissé en plan, et le potentiel réel intervention qu'il montre
nous envisagions la faisabilité d'un « rebranchement citoyen », d'une « reconnexion sauvage ». Il suffisait de tirer le câble collectif du champ en retour jusqu'à son point de rupture initiale, et d'y rétablir ne serait-ce que provisoirement les connexions de tous.

Vendredi 19

Poteaux neufs de remplacement


Samedi 20

A 17 h30 tout le monde est reconnecté
20 jours avant la date "officielle" prévue

Pour le droit à la connexion numérique rapide et sûre

L'épisode de la Chapelle Launay, certes accidentel, montre la disparition totale du service public de la téléphonie dans les campagnes du périurbain. Depuis la privatisation de France-Télécom (« opérateur historique ») en 2004, c'est le règne des opérateurs privés, de la sous-traitance massive des travaux de réparation, et il n'y a plus de service public digne de ce nom. Ce n'est pas un hasard si notre village de la Feuillée a été en 2003, il y a 15 ans, le lieu de création de l'AIDSL (association des internautes de Loire et Sillon) qui s'est battue à l'époque pour l'ADSL hors des villes et des bourgs, et la fin des « zones blanches ».
Aujourd'hui, l'offre de connexion est à plusieurs vitesses selon les territoires : le câble pour les agglomérations de la métropole, la fibre numérique (annoncée) pour les seules zones d'activités, et le réseau filaire en totale décrépitude et abandon pour les zones rurales périurbaines : pas d'entretien ni d'élagage des lignes aériennes, multiplication des risques de défaillance et de rupture du réseau.

Devant l'impéritie des acteurs, services clients, opérateurs, Orange, sous-traitants, nous serions donc fondés à agir en forme de légitime défense face au quasi abandon délibéré dans lequel on nous tient. Nous refusons d'être des citoyens de seconde zone, des périphériques qu'on peut balader sans considération depuis tous les centres de décisions et de pouvoir ? Nous affirmons dans l'action, tout comme le « droit à la ville » (H.Lefebvre, 1968) hors des centralités, le droit à la (re)connexion dans le périurbain.


L'apéro citoyen pour arroser ça, avec les riverains de la Feuillée et des élus(e)s de la Chapelle-Launay
dimanche midi


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