La CCES esquive, s'éloigne de la réglementation et du bon sens


La réunion du conseil communautaire d'Estuaire et Sillon d'hier soir à Bouée, restera dans les mémoires. Principalement par la présence d'une centaine de salarié(e)s de l'intercommunalité, en grève depuis 48 h., qui avaient défilé le matin dans les rues de Savenay, siège de la CCES. Mots d'ordre « Comcom t'es foutue, tes agents sont dans la rue ! » ; derrière deux banderoles qui disaient, l'une : « Stop au mal-être des agents de la comcom Estuaire et Sillon » et l'autre,  plus directe encore : « Fusion et harmonisation, l'art de se faire prendre pour des cons... ! » (photo).

Accessoirement, aussi par quelques échanges sur le SPANC et le nouveau régime des contrôles des ANC (Assainissements non-collectifs) adopté malgré quelques réticences, mais en contradiction avec une note ministérielle du début du mois (2 mai 2018)

La démocratie communautaire, un art de l'esquive

La seule présence des agents en grève a provoqué le retrait dès l'ouverture de la séance, par le président Rémy Nicouleau, de la plupart des points à l'ordre du jour portant sur les motifs du mouvement social en cours : les modalités d'organisation et d'aménagement du temps de travail au sein des services communautaires ; celles de mise en œuvre du compte épargne temps ; l'instauration d'un régime d'astreinte ; la réalisation et la récupération des heures supplémentaires et complémentaires. La dissociation de ses divers points n'étant pas cohérente, comme l'ont souligné quelques conseillers communautaires. Retirés de l'ordre du jour, ils feront l'objet d'une nouvelle discussion-négociation dans « l'entreprise » CCES.




Constat : la présence exceptionnelle, jamais vue, d'un public motivé et en lutte, suffit donc à retirer les points controversés de la discussion et de la décision. Une manière de souligner que ne sont soumises au vote que les questions dont on a la certitude qu'elles seront adoptées à la quasi unanimité et si possible, sans débat. Une démocratie à la fois de l'unanimisme et de l'esquive. La demande répétée de "plénières" - conseils communautaires élargis, mais privés – de la part de certains conseillers, n'est que cautère sur la jambe de bois d'une démocratie élitiste et confisquée.

Souhaitons aux agents d'obtenir gain de cause dans de nouvelles discussions internes, où le risque d'esquive ne sera pas moindre.

Le SPANC sort des clous ministériels et du simple bon sens

Restait à l'ordre du jour, entre autres choses, le SPANC, avec une proposition d'harmonisation des procédures et des tarifs. Le conseil a adopté une périodicité systématique de 6 ans : « à compter du premier janvier 2019, sur l’ensemble du territoire de la Communauté de Communes Estuaire et Sillon ».

Avec une annualisation des paiements de ces contrôles. Pour elle « l’annualisation implique un suivi rigoureux de la campagne de contrôle et notamment des refus de contrôle qu’ils soient explicites ou non explicite. Pour limiter ces refus, il est nécessaire d’appliquer les pénalités prévues par les textes ( 100% de pénalité supplémentaires). Celles-ci permettent d’assurer une égalité de traitement des usagers. »

Quant au recouvrement : « à compter du premier janvier 2019, le recouvrement de la redevance assainissement non collectif s’effectue en 6 fractions. Chaque fraction est perçue annuellement, par l’intermédiaire de la facture d’eau, auprès de l’occupant de l’immeuble ou auprès du propriétaire s’il n’y a pas d’occupant. Toutefois, l’usager peut payer en une seule fois à l’issue de son contrôle, à condition d’en faire la demande par mail ou par courrier » auprès du SPANC de la CCES.


Lien vers cette note ministérielle du 2 mai 2018

Un conseiller – J-C Bonhomme de la Chapelle-Launay – a fait remarquer que ces dispositions lui paraissent en contradiction avec la note ministérielle du 2 mai dernier, qui rappelle que les contrôles ne doivent "pas être une variable d'ajustement qui permet d'équilibrer le budget annexe du service". Ce qui semble pourtant bien être l'avis de Rémy Nicouleau qui l'a répété plusieurs fois : "c'est pour équilibrer le budget" !

Christian Biguet, maire de Lavau/Loire et vice-président, a également regretté que les usagers du SPANC qui ont fait l'effort de financer l'installation d'une station ANC agrée – d'un coût entre 10.000 et 12.000 € a-t-il précisé, auquel s'ajoute "l'étude de sol", le contrôle de conformité, etc. - devraient être dispensés de tout autre contrôle pendant quelques années. Faisant le parallèle avec le non-contrôle technique des automobiles neuves - étant censées être aux normes et de toute sécurité - les usagers du SPANC devraient, selon lui, être de même dispensés de contrôle de bon fonctionnement pendant au moins quatre ans.

Malgré ces remarques à la fois légalistes et de bon sens, le nouveau régime des contrôles du SPANC de la CCES a été adopté à la quasi unanimité !   

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