ZAD : dégâts collatéraux d'un renoncement-reniement à NDDL


Après les premières journées de l'intervention des forces de gendarmerie sur certains sites de la ZAD, on ne peut plus désormais continuer à en avoir une lecture en mode bisounours, comme certaine pétition nationale récente d'architectes et d'urbanistes publiée sur Médiapart (lire).
Les "zadistes", pour autant que cette désignation ait un sens vu leur diversité et leurs divisions, prennent aujourd'hui la mesure, en fait, des limites de leur "victoire" de la mi-janvier. Ce succès n'en était pas un, reposant sur un déni de démocratie et résultant avant tout du fait du Prince (Macron) reniant cyniquement sa parole. J'étais de ceux qui penchaient pour le projet, comme 55% des votants de juin 2016 dans le département, ce malgré tous les manquements depuis plus de 20 ans dans sa conduite et sa gouvernance et les insuffisances de la communication à son sujet. Mais le débat n'en est plus là aujourd'hui (pour ou contre le projet d'aéroport), Macron ayant tranché comme on sait en reniant son engagement.

Les anti-aéroport devenus pro-ZAD pouvaient-ils sérieusement espérer avoir le beurre et l'argent du beurre, à la fois le renoncement de l’État au transfert de l'aéroport et - "en même temps" - le maintien en place durable d'une zone dite de "non-droit", notamment le long de la route D281 "des chicanes" ?



L’abandon de sa parole par l’État, à contre-pied de sa politique métropolitaine, ne pouvait à l'évidence qu'être immanquablement associé à la rapidité et à la vigueur de sa réaction. Cette "violence" de son intervention, qu'a-t-elle d'ailleurs à envier à celle qui s'exerce à l'encontre des grévistes, des étudiants, des migrants ? Concernant la ZAD elle ne pouvait également que relancer une solidarité mal en point depuis la mi-janvier. Mais, comme le chantait Brassens, " "Dès qu'il s'agit d'rosser les cognes, tout le monde se réconcilie" (Hécatombe, 1952). L'appel indistinct à la « solidarité » a fait le reste, mais jusqu'où peut-on être solidaire de n'importe quoi ?

Le manque de discernement de l’État, malgré les affirmations de la préfète Klein, a entraîné au moins une bavure, celle du site des "100 noms" dont le grand tort était d'être un projet collectif et non individuel, et pas (encore) déclaré. Pourquoi ne pas avoir laissé davantage de temps au temps, afin que se fasse, naturellement, le tri entre le bon grain et l'ivraie des projets (ou absence de) réels et viables ? Mais il ne saurait y avoir de délai ni de "trêve" dans l'exercice du pouvoir de l’État. A suivre ces événements, imprévisibles, ici aussi.


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