Périurbain : l'espace conçu contraint l'espace vécu

Avec le cinquantième anniversaire de Mai 68, cette année 2018 connaîtra différentes manifestations, indique l'éditorial du n° 19-20 de Tous urbains (PUF, 2017). Parmi celles-ci, il signale dès aujourd’hui un colloque autour du livre Le Droit à la ville d’Henri Lefebvre, paru en mars 1968 et dont il est  beaucoup question dans ce numéro.

Dans un article sur « La naissance du périurbain », Jean-Michel Roux souligne, quant à lui, à son propos, la « prévalence des idées reçues qui n'est pas pour rien dans le paysage culturel qui nous échoit aujourd'hui, innommable à la lettre et un peu au figuré, à vrai dire) : les catégories historiques de ville et village, centre et banlieue, urbain et rural ne correspondent plus guère à la réalité. Tandis que le personnel politique, les médias, et même le monde académique continuent de les mouliner sans mesure ». Dans le même temps, « ceux qui travaillent à la base, sur des projets locaux, même et surtout les plus modestes, savent combien il est difficile de réunir compétences et capitaux, et plus encore d'échapper à l'encadrement des autorités établies. État ou collectivités entretiennent la peur de l'infraction, le goût pour les revendications passives, au total la haine de ce qui bouge, sans être en mesure de gérer équitablement le territoire ». En deux mots, pour reprendre le vocabulaire lefebvrien, cet espace conçu mort saisit le vif de l'espace vécu.


Le colloque à l’organisation duquel Tous urbains participe aux côtés du laboratoire d’idées La Ville en commun se déroulera début avril ; la première journée sera consacrée à la pensée sur la ville d’Henri Lefebvre dans son temps, la seconde à la postérité de sa pensée urbaine, notamment aux États-Unis et en Amérique latine, sans donner d'informations plus précises à ce sujet.

Le dossier du numéro 21 de Tous urbains sera consacré aux « petites villes » – des villes moyennes aux gros bourgs – « qui semblent aujourd’hui en France les oubliées de la mondialisation. Une manière de réfléchir sur la réorganisation de la carte des territoires et de mettre en question la notion de fracture territoriale parfois un peu vite avancée », cette restriction visant vraisemblablement le géographe C.Guilluy. Paradoxal de dénoncer, d'un côté, la pensée figée, et d'être de l'autre d'emblée restrictif quand certaines critiques s'exposent ! Signe réflexe de la frilosité académique pointée du doigt ?


Tous urbains n°19-20, sep-nov 2017, dossier : Mai 68, l'architecture et la ville, PUF.

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