Climate Finance Day et One Planet Summit : grand' messes du capitalisme climatique à Paris

PSA, Areva, Orange ou Vinci... Une petite centaine de groupes capitalistes s'est engagée lundi 11 décembre à participer à la lutte contre le changement climatique. Cette annonce intervient la veille d'un sommet international organisé à l'initiative de la France pour tenter de relancer la lutte contre le réchauffement climatique, qui a marqué le pas depuis l'accord de Paris de décembre 2015. Mardi, plusieurs dizaines de chefs d'Etat et de gouvernement se retrouveront près de Paris pour le "One planet summit", consacré principalement à la question du financement. Finalement, climat et capitalisme font-ils bon ménage. Un bémol pour ceux qui pensaient trouver dans la lutte contre le changement climatique un levier de la "Révolution climatique" anticapitaliste (Naomi Klein, 2015 et 2017).

1 - Le "Climate Finance Day 2017", qui se tient aujourd'hui 11 décembre au ministère de l’Économie et des Finances de Bercy, réunit des représentants internationaux de l’industrie financière, des autorités de régulation et de supervision, ainsi que des banques publiques. En ce "jour de la finance climatique"  il s'agit de montrer que  "nombreux sont les banques, les assureurs, les investisseurs qui adoptent des stratégies de décarbonation des portefeuilles, d’investissement dans les énergies renouvelables ou de création de nouvelles solutions de financements verts", une authentique financiarisation du capitalisme climatique.
Cette 3e édition du Climate Finance Day est censée accélérer "la mobilisation et la poursuite des engagements" des COP (Conférences des parties) n° 21, 22 et 23 et de l'Accord de Paris (2015) et "accroître la contribution de l’industrie financière à la lutte contre le changement climatique". Pour Gérard Mestrallet, Président de Paris EUROPLACE, "de consolider et promouvoir la position de leader mondial de la Place de Paris en matière de finance verte et durable." Paris EUROPLACE est "en charge de développer et promouvoir au plan international  la Place financière de Paris et, d’une manière générale, l’industrie financière  française dont elle fédère l’ensemble des parties prenantes : émetteurs,  investisseurs, intermédiaires bancaires et financiers, professions juridiques et  comptables, sociétés de conseil, autorités de marchés, soit plus de 400 membres". Philippe Zaouati Président de Finance for Tomorrow, est lui-même convaincu que “l’avenir de la finance, c’est la finance verte et durable !"


M. Tricoire PDG de Schneider Electric : "J'attends beaucoup du monde de la finance. On a besoin de financements et il n'y a pas eu dans le passé suffisamment de discrimination entre les entreprises qui avaient un vrai engagement et celles qui n'en avaient pas. C'est cela qui fera une différence fondamentale parce qu'à la fin ce sont ceux qui investissent dans les entreprises qui en ont d'une certaine manière la direction."


Bercy
L’investissement vert aurait le vent en poupe, selon Béatrice Héraud (Novethic) : Les "Green Bonds" émis par les entreprises, États ou collectivités ont visiblement trouvé leur public. Les différentes estimations tablent sur près de 130 milliards d’émissions d’obligations vertes sur l’année 2017. Mais il en faudra plus et aller plus vite pour réussir la transition. Les besoins se chiffrent en milliers de milliards de dollars. Or, les investissements verts comptabilisés par la CNUCC (Convention cadre des Nations Unies pour la lutte contre le changement climatique) ne représentent à ce jour que 700 millions de dollars… !


De gauche à droite, Pierre Gattaz, président du MEDEF,
Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique,
Jean-Pascal Tricoire, PDG de Schneider Electric
et Jean-Pierre Clamadieu, PDG de Solvay,
à Paris, le 11 décembre 2017 (AFP)

2 - Le « One Planet Summit » du 12 décembre, est une initiative du Président Macron, organisée conjointement par l'ONU et la Banque Mondiale, en partenariat avec l'OCDE - club des 35 pays les plus riches de la planète - et la Commission européenne. Le président français souhaiterait prendre le leadership mondial de "l'action sur le climat", après le retrait de Trump de l'Accord de Paris et un mois seulement après l'échec de la COP 23 de Bonn. Elle a manifesté l'incapacité des pays du Nord à financer le "fond vert" en faveur des pays du Sud, à hauteur de 100 milliards de dollars par an à compter de 2020, pendant 30 ans, pour commencer.


Scène Musicale
Ce "Sommet un seule planète" se tiendra à la Scène musicale de l'île Seguin.  Confirmant l'objet du Climate Finance Day de la veille, ses Panel 1 et 2 (tables rondes) sont intitulés :  « Changer l’échelle de la finance pour l’action climat » et « Verdir la finance en faveur d’une économie durable ». Le premier vise à instaurer "des politiques climat sur le long terme et produire un effet de levier sur la finance privée. Les banques et agences de développement, qu’elles soient nationales, régionales ou multilatérales sont au cœur de ce processus". Il entend démontrer que "l’Accord de Paris pose un nouveau mandat pour la finance publique et privée". Quant au panel 2; il veut "Verdir la finance" en répondant à la question : Quelle intégration des enjeux climats par les acteurs et régulateurs de la finance privée pour réorienter les investissements vers une économie décarbonée ? Officiants connus de cette célébration finances-climat : Nicolas Hulot, Ségolène Royal et Bruno Le MaireBill Gates, Arnold Schwarzenegger et Léonardo DiCaprio sont également attendus.

En parallèle de ce One Planet Summit officiel du 12 décembre, de nombreux "side events" (événements parallèles) sont organisés dans une vingtaine de sites parisiens, le 10, 11 et 13 décembre avec et par des partenaires publics, privés et associatifs plutôt disparates : ça va d'un p'tit dèj' "de haut niveau" de l'OCDE, à un rendez-vous des agences spatiales, etc...

La financiarisation du capitalisme climatique est en cours. Paris, et Macron, affichent leur candidature à son leadership.

COP23 : Catastrophisme et finance par Rémy Prud'homme

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