E.Macron, S.Bern et le patrimoine


Emmanuel Macron a confié une mission officielle à Stéphane Bern afin de recenser des monuments du patrimoine français en danger et de réfléchir à différents moyens pour les rénover. "Je suis très heureux de pouvoir le faire. Je ne me dérobe pas, j'ai passé mon temps à défendre le patrimoine. Quand l'État vous le demande, vous le faites, c'est tout", a déclaré l'animateur de "Secrets d'histoire", avant de préciser qu'il s'agissait d'une mission bénévole. Il connaît le président français et son épouse depuis plus de trois ans et il a fait partie des personnalités invitées à La Rotonde le soir de sa victoire du premier tour.


Mauvais symbole

Mais le choix de Macron est loin de faire l'unanimité chez les historiens. Maître de conférences à l'université Panthéon-Sorbonne de Paris, Nicolas Offenstadt a réagi sur Twitter et le site du Nouvel Obs. "Ce choix est un très mauvais symbole, notamment pour le monde de la culture et de l'histoire. Alors que la France compte de nombreux professionnels qui travaillent depuis des années sur le patrimoine, qui mènent des recherches exigeantes et sérieuses, qui réfléchissent en profondeur sur ce sujet, Emmanuel Macron choisit de confier un dossier aussi capital à quelqu'un qui n'a strictement aucune compétence en la matière. C'est désastreux. C'est une vraie gifle adressée aux professionnels qui travaillent dans l'ombre sur ces thématiques."

L'historien est très inquiet. "Les enjeux sont très importants: il s'agit tout simplement de faire le tri, de choisir ce que notre société doit valoriser de son passé, et donc ce qui ne le sera pas ou le sera moins. Il s'agit donc aussi, par ce choix, de mettre l'accent sur certaines valeurs plutôt que d'autres. Or Stéphane Bern n'a pas de réflexion distanciée sur ces sujets. Et il est tout sauf neutre idéologiquement dans sa manière d'appréhender le passé, l'histoire de France et même le présent."

Une vision étriquée de l'histoire

En 2016, l'animateur de France 2 a créé la Fondation Stéphane Bern pour l'Histoire et le Patrimoine. Il est aussi devenu propriétaire de l'Ancien collège royal et militaire de Thiron-Gardais (en Eure-et-Loir), un bâtiment historique qu'il compte transformer en musée. "Stéphane Bern ne s'est jamais caché. Il a toujours indiqué qu'il aimait "l'ordre et la monarchie", et qu'il était partisan du "roman national", qui n'est rien d'autre qu'une fiction identitaire faite de héros et d'épisodes forts mais idéalisés. Sa vision de l'histoire et du patrimoine est donc une vision étriquée et orientée", estime Nicolas Offenstadt. Il demande: "Stéphane Bern sera-t-il attentif au patrimoine ouvrier et militant par exemple? On peut en douter. C'est pourtant aussi l'une des richesses et l'une des dimensions de notre passé.



Lire ici : "L' Histoire un combat au présent" de Nicolas Offenstadt http://jym44.blogspot.fr/2014/11/l-histoire-un-combat-au-present-de.html

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