Mercredi 11 janvier, à la Salle Équinoxe de Savenay, a eu lieu l'installation du nouveau conseil communautaire d'Estuaire et Sillon, constitué de 36 conseillers de 11 communes. A l'occasion de cette passation de pouvoir dans les deux intercommunalités fusionnées en une seule, si la droite grimpe au Sillon, la gauche s'envase dans l'Estuaire.
"Passage de témoin" du Sillon à l'Estuaire
Cette séance d'installation a d'abord été l'occasion d'un "passage de témoin" entre l'ancien président A. Chauveau, de Savenay, et le nouveau, R. Nicoleau, maire de Saint Étienne de Montluc.
Pour le premier, sur le départ, avec Estuaire et Sillon, "un nouveau territoire" serait d'ores et déjà né par miracle qui est "riche de potentialités". Le conseil communautaire "n'est pas une estrade politique". Les "deux villes centres doivent tirer le développement économique", dans la diversité et l'unité des 11 communes associées.
R. Nicoleau |
Pour R.Nicoleau, cela reste cependant "un challenge difficile". Présentant sa candidature à la présidence de la nouvelle intercommunalité, il a souhaité définir "sa vision": celle d'une "nouvelle stratégie égalitaire, non d'alliance, mais de projet", avec "un seul représentant par commune" au bureau communautaire. Certains dossiers - tel l'urbanisme - sont exigeants. Ils doivent développer les "bonnes pratiques" pour des "services publics efficaces". Le "territoire géographique d'Estuaire et Sillon est un joyau", son rayonnement exige "d'échanger et de débattre". Les "citoyens attendent beaucoup", et il s'agit donc d'écrire "un projet de territoire pour un territoire de projet". La solidarité entre communes n'a pas besoin "d'empêcheurs de faire", mais "de se faire confiance". Avec cette passation de pouvoir, à l'homme de paille succède un homme à poigne.
La droite grimpe au Sillon de Bretagne
Alors qu'il prospère, comme on sait, pour les présidentielles de 2017 au plan national avec les Primaires, il semble que le clivage gauche/droite ne soit dans le même temps désormais plus de mise au niveau local. A l'élection à la présidence de la communauté de communes, la gauche locale s'est publiquement montrée incapable de présenter un candidat.
La gauche-croupion ne présente pas de candidat, et disparait dans le brouillard de 5 votes blancs |
La soi-disant "coordination des gauches", existant en Loire et Sillon depuis 2008, affiche là sa faillite. Aujourd'hui, selon un accord préalable des deux bureaux communautaires sortants annoncé publiquement, le nombre des membres du bureau actuel a été fixé à 11 - un par commune - prétendument pour "respecter les élections municipales" de 2014. Mais, même au 1er tour des municipales de 2014, l'ensemble des 11 communes désormais fusionnées penchaient alors plutôt à gauche, tout comme encore plus à toutes les élections locales et nationales autres : comme, avant, aux législatives en 2012 et, après, aux régionales de 2015. Ce qui s'est joué là c'est donc bien : comment aboutir à une présidence de droite dans un territoire de gauche ! Ou : comment la ligne de pente du Sillon vers l'Estuaire conduit-elle in fine un peu plus à droite encore ?
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Carte des "nuances politiques" au 1er tour des Régionales 2015 (Source : ministère de l'intérieur) |
Suivant l'accord préétabli, tout était donc parfaitement joué d'avance pour les votes successifs, commune par commune, dans un "ordre démographique décroissant", sans aucune surprise. Mais, à ce compte là, le bureau communautaire restreint, bascule encore plus à droite que les bureaux communautaires fusionnés. Petit jeu de massacre où disparaissent des vice-présidents piliers de Loire et Sillon, à droite (MM. Marot et Brun) mais plus encore à gauche : la maire de Prinquiau - ancienne conseillère générale PS - renonce; et la nouvelle conseillère départementale EELV, de Lavau-sur-Loire, n'est désormais plus conseillère communautaire en Estuaire et Sillon.
La gauche s'enlise dans les marais de l'Estuaire
La gauche paye aujourd'hui,au prix fort, à terme échu de cette fusion, ses divisions de 2014 aux municipales, notamment à Savenay : la fragmentation, les concurrences, les rivalités de personnes, l'absence de projet et d'orientations intercommunaux, n'en finissent pas de faire des dégâts.
La gauche s'enlise dans les marais de l'Estuaire
La gauche paye aujourd'hui,au prix fort, à terme échu de cette fusion, ses divisions de 2014 aux municipales, notamment à Savenay : la fragmentation, les concurrences, les rivalités de personnes, l'absence de projet et d'orientations intercommunaux, n'en finissent pas de faire des dégâts.
De plus, même selon l'accord appliqué, la discipline de vote n'a pas été sans faiblesse. Car si le nouveau président est bien élu à avec 29 voix, ensuite les autres maires "de droite" (Savenay, Cordemais) dépassent sans coup férir les 30 voix, par contre les maires "de gauche" (Campbon, Prinquiau, La Chapelle-Launay) peinent, quant à eux, à les dépasser (27-28 voix).
2014 Municipales nuance des listes élues (Source : Observatoire des votes
selon la nomenclature du Ministère de l'intérieur, où "divers" veut souvent dire droite)
Finalement - à la seule exception de Prinquiau - le nouveau bureau communautaire est donc constitué des dix maires (plus le nouveau président) des onze communes, accentuant ainsi son statut de club réduit aux principaux édiles locaux.
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Quoi qu'il en soit, l'urne communautaire - pas si transparente que ça - a néanmoins parlé. Reste maintenant à veiller à ce que les engagements du discours liminaire soient bien respectés. Et à connaître la répartition des délégations de chaque vice-président(e), selon les compétences communautaires d'Estuaire et Sillon à harmoniser.
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Le conseil et le bureau communautaires d'Estuaire et Sillon (Source : Ouest-France du 13 janvier 2017) |
Quoi qu'il en soit, l'urne communautaire - pas si transparente que ça - a néanmoins parlé. Reste maintenant à veiller à ce que les engagements du discours liminaire soient bien respectés. Et à connaître la répartition des délégations de chaque vice-président(e), selon les compétences communautaires d'Estuaire et Sillon à harmoniser.
A l'agenda de la fusion (Source : Ouest-France du 13 janvier 2017) |
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