L' Icelandgate, ou comment le GIEC manipule les données météorologiques

La théorie du réchauffement global d'origine anthropique du GIEC (Groupe Intergouvernemental d'Experts du Climat) s'appuie sur d'innombrables données météorologiques de base : les températures d'un lieu relevées à sa station météo plusieurs fois par jour, dont on calcule ensuite les moyennes quotidiennes, mensuelles et annuelles. Ces séries sont compilées et répertoriées par le GISS/NASA, agence fédérale américaine, pour être ensuite analysées et modélisées par le GIEC. Elles constituent donc la matière première de la fabrication de la courbe censée traduire le "réchauffement climatique" mondial.
Cette immense base factuelle incontournable mérite qu'on s'y arrête un instant à partir d'un exemple, celui de Reykjavik (Islande). Or, depuis le début des années 2010, ces séries de données font l'objet d'ajustement, de corrections non négligeables sans qu'il soit pour autant donné d'explication ou de justification. Certains observateurs parlent d'"Icelandgate" et des météorologistes renommés - Islandais et Norvégien - de "manipulation". Qu'en est-il ? Dans quel but ? Et cela ne concerne-t-il que l'Islande ?

Reykjavik : la correction des données en 2012-2013

Pour la station de Reykjavik en Islande, le graphe actuel des TMGA (Températures moyennes globales annuelles) affiché par le GISS/NASA sur son site, est le suivant.

Station météo de Reykjavik : T° moyennes annuelles de 1941 à 2015

Reykjavik 1941 2017.JPG

On y observe que la série “homogénéisée” retenue par le GISS/NASA (courbe en noir) ne concerne qu’une période commençant en 1941, date de l’occupation de cette île stratégique de l’Atlantique nord par les États-Unis au cours de la Seconde Guerre mondiale. Les températures relevées par l’office météorologique danois depuis 1901 - l’Islande étant un protectorat de la couronne danoise jusqu’en 1941 -  n’étant plus retenues.

En son état actuel, la courbe du GIEC/Giss-Nasa affiche ainsi une augmentation importante des températures au cours de la deuxième moitié du XXe, plus conforme aux théories du GIEC. C’est que, entre 2012 et 2013, le GISS/NASA (voir l’animation GIF ci-dessous) a procédé à d’importantes corrections des données concernant cette station. Comme on le voit dans l’animation, ce changement n’est pas anodin. En  2012, la courbe non corrigée indique certes des fluctuations cycliques des températures moyennes annuelles, mais pas une élévation séculaire notable. En revanche, la courbe telle que corrigée en 2013, dessine un net réchauffement depuis 1980, devenant ainsi beaucoup plus conforme aux assertions du GIEC et à la courbe dite "en crosse de hockey".   

Reykjavik2012-2013-1.gif
Station de Reykjavik : "correction" des données du GIEC/GISS/NASA
entre 2012 et 2013

Histoire des données météo islandaises de 1880 à nos jours

Pourtant, Trausti Jónsson, météorologiste du Icelandic Meteo. Office, explique sur son blog comment les moyennes mensuelles de Reykjavik ont été historiquement publiées depuis 1880. Il illustre son récit - en anglais - par le graphique suivant :

Reykjavik T° 1880 2010.JPG
Températures moyennes annuelles à Reykjavik 1880-2012
Sources : DMI (1880-1910) et IMO (1920-2012)

Certes, l'histoire de la station météorologique de Reykjavik est-elle un peu compliquée, admet Trausti Jónsson. Elle a été gérée d’abord par le Danish Meteo Institute (DMI) de 1880 à 1910, et les températures moyennes mensuelles ont été publiées chaque année par l'Institut danois (Meteorologisk Aarbog). Pendant la période 1880-1920 il y a des lacunes car quelques mois manquent dans les publications du DMI et la station change plusieurs fois de localisation. Dans l’intervalle des années 1910-1920, des mesures effectuées au nouveau sanatorium de Vífilsstaðir viennent partiellement combler le vide.


Le Icelandic Meteorological Office (IMO) est établi en 1920 et ses propres mesures commencent au mois de mai à Reykjavik. En 1924 un thermographe est installé et "de 1924 à 1948 toutes les moyennes publiées à Reykjavik ont été calculées comme la moyenne des relevés du thermographe toutes les deux heures". A partir de 1949, les observations sont faites toutes les 3 heures.

Au-delà de la qualité des mesures, "quelques ajustements internes ont été nécessaires pour la première partie de la série, dus aux changements ultérieurs de méthodes de calcul". Le récit de Trausti Jónsson indique clairement que les relevés, effectués successivement par le DMI et l'IMO ont été de qualité, ne nécessitant pas d’autres corrections ni ajustements que ceux déjà effectués par les Islandais eux-mêmes.

La question est donc posée : pourquoi le GISS/NASA, travaillant pour le compte du GIEC, trouve-t-il opportun d’effectuer, sans explication ni justification, de nouvelles modifications d’une année sur l’autre, entre 2012 et 2013. Il s’agit tout simplement de gommer vingt ans d’une période plus chaude en Islande, située entre les années 1930 et 1950.



Note sur le climat islandais
Le climat islandais ne se résume pas aux seules températures moyennes annuelles. “Si vous n’aimez pas ce temps, attendez une minute” : c’est ainsi que les Islandais soulignent eux-mêmes l’un des traits particuliers de leur climat, la grande variabilité du temps au cours d’une même journée. Pour le géographe français Pierre Biays (L'Islande, QSJ?) le facteur climatique le plus important est bien, ici plus qu’ailleurs encore, celui de la circulation atmosphérique. L’Islande est située sur le trajet des dépressions véhiculées et entretenues par le courant tiède nord-atlantique. Suivant cet itinéraire elles apportent des pluies (ou de la neige) et de l’air humide et doux sur les côtes sud de l’Islande et les premiers reliefs où se trouve Reykjavik, provoquant la grande variabilité des types de temps au cours de la journée. Pas sûr que l’unique prise en compte des seules températures moyennes annuelles, au centre de la modélisation du GIEC, puisse cerner convenablement le climat islandais.

La manipulation des données par le GISS/NASA pour le compte du GIEC

De son côté le Suédois Wibjörn Karlén, Professeur émérite et membre de l'Académie Royale Suédoise des Sciences s'interroge sur, dit-il, la manipulation des températures par le GISS/NASA.

Pour lui "les différences entre les deux jeux de séries de données sont trop grandes pour être motivées par des corrections typographiques, etc." Cependant, les raisons de faire de telles ajustements pour arriver à de tels résultats ne sont pas données. "Il est impossible de déterminer si l'un ou l'autre jeu donne une vraie image d'un réel changement des températures. Pour un nombre limité de séries de données l'ancienne et la nouvelle version peuvent être comparées. En règle générale “la nouvelle version montre une croissance marquée des températures dans les dernières années, et pour quelques séries la différence est très considérable". Il doit être souligné que les météorologistes islandais, dont Trausti Jónsson, protestent alors, en vain, contre ce changement dans les données.

Le changement significatif des nouvelles séries islandaises de données c'est que la période plus chaude des années 30 et 40 a disparu. Or, ces hautes températures des années 30 se retrouvent encore pour le Groenland, les Pays scandinaves et d'autres espaces, et dans des articles de presse islandais d'alors. Avec ces changements, les séries 2013 montrent donc de plus hautes températures relatives durant les dernières années. Un peu des séries trouvées montrent d'insignifiantes déviations par rapport aux séries 2012, "mais la plupart d'entre-elles dessinent une tendance nettement plus abrupte vers un climat plus chaud". De telle sorte que "les données GISS/NASA de 2013 montrent significativement plus de réchauffement que les précédentes versions".

Certes, des ajustements de données vieilles de plusieurs décennies peuvent être justifiées dans certains cas spécifiques. Cependant, cela exigerait des indications très fortes qu'ils sont nécessaires, ce qui, bien sûr, devrait être précisé avec soin, ce qui n’est pas le cas.

"Le nombre de stations trouvées avec les données à la fois de 2012 et 2013 est faible, mais l'ampleur des modifications apportées à ces données est étonnante." Wibjörn Karlén en débusque pourtant dans le monde entier : non seulement à Reykjavik (Islande), mais à Prince Albert (Canada), Alice Spring (Australie) et Port Elizabeth (Afrique du Sud).

Port Elizabeth 2012 2013.JPG

Alice Spring 2012 2013.JPG


SourceWibjörn Karlén, GISS/NASA manipulation of temperature data, 2013

Comme les changements de données et de procédures du GISS/NASA entre 2012 et 2013 "semblent avoir été simultanés, toute crainte de conspiration ne peut pas être facilement écartée". "C'est effrayant, estime Wibjörn Karlén, parce que ces séries de données sont à la base de la vision que le monde a du climat, avec de larges politiques en découlant".

Mais le seul fait de mettre en évidence la curiosité de ces corrections des données attire immédiatement les foudres des internautes zélateurs du GIEC, dénonçant soit un “complotisme” anti-GIEC, soit une soumission aux lobbies du carbone, souvent les deux. Pourtant les objectifs en sont-ils clairs. Premièrement ils s'agit de tenter de redessiner (un peu) les graphes pour qu'ils continuent de ressembler à la courbe "en crosse de hockey", pourtant discréditée et en principe abandonnée par le GIEC lui-même, accréditant l'idée d'une accélération exponentielle de la courbe des températures, à allure cataclysmique. Deuxièmement, plus modestement, il s'agit de contrecarrer, mais visuellement seulement, la "pause" dans la hausse des températures annuelles moyennes globales mondiales qui dure maintenant depuis 18 ans.

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Références bibliographiques : climat & GIEC
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  • Prud'homme Rémy, L'idéologie du réchauffement, science molle et doctrine dure, L'Artilleur, 2015.
  • Riesel René et Semprun Jaime, Catastrophisme administration du désastre et soumission durable, Ed. Encyclopédie des Nuisances, 2008
  • Rittaud Benoit, Ils s'imaginaient sauver le monde, Chroniques sceptiques de la COP21, Books Editions, 2016
  • The Oyster Club, La faillite du climatisme, Coll. Les insoummis, Les Belles Lettres, 2015.
  • Verdier Philippe, Climat investigation, Ed. Ring, 2015.

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