 |
Alyss Kalbez Trio |
Le 1er festival
de jazz de Savenay paraissait un pari fou, une initiative ambitieuse, comptant
sur quatre jours plus d’une dizaine de prestations musicales d’une grande
diversité et, à l’expérience, bien accueillies. Ces folles journées locales du
jazz faisaient suite à un premier concert un an plus tôt. Sa programmation
éclectique, assurée et animée par Jean-Francois Arthur, offrait un éventail
assez complet d’un monde musical multifacette proposé, jour après jour et, à
peu de choses près, dans l’ordre inverse d’une histoire toujours jeunes bien
que séculaire.
 |
Amaury Faye |
Le style d’Amaury Faye n’a
rien de celui du banal piano bar, même s’il a "accompagné" l’inauguration du festival et de son exposition dans le hall de Ciné Nova.
Confirmé par sa première partie d’un concert le lendemain, sa musique repose
beaucoup plus sur l’harmonie, les chromatismes et les rythmiques syncopées -
habanera, boléro ou batida - que sur les mélodies, en une sorte de méditation
inspirée. Et, quand il s’en écarte juste un peu, son jazz flirte alors avec le
classique.
Un duo
remarqué à quatre mains d’Amaury Faye et de Thibaud Dufoy au piano a
assuré avec brio la transition vers le concert du Alyss
Kalbez Trio. Thibaud Dufoy au clavier électrique cette-fois et Alyss Kalbez
lui-même à la batterie, donnent force et dynamisme à un jazz expressif et
percutant, avec des solos faisant le spectacle et emportant sans restriction la
conviction. À la pulsion de la walking bass au clavier, s’associe le
beau phrasé des motifs à la trompette par Nicolas Algans, ainsi qu’une palette
de doigté et d’explosivité musclée aux drums par Alyss Kalbez.
 |
KAT'CHAPO |
Kat’Chapo en plein air
ensoleillé et La Fille du Canal dans la salle Equinoxe ont proposé deux
déclinaisons de ce qu’il est désormais convenu d’appeler le "jazz
manouche", dont l’incarnation historique fut le quintette du Hot Club de
France dans les années 40. Le répertoire ouvert au genre s’élargit aujourd’hui un
peu à tout et offre même des compositions nouvelles. Mais ses standards
s’imposent encore, avec des versions attendues et bien venues de classiques
tels que l’incontournable Nuages ou Que reste-t-il de nos amours.
Malgré toute la qualité des instrumentistes Django Reinhardt, inoubliable
virtuose et mélodiste, reste un ovni mondial de la planète jazz, toujours
imité, jamais égalé.
 |
LA FILLE DU CANAL |
Le Holy Totsy Gang donnait
un programme axé sur les standards du jazz Nouvelle Orléans puis du middle
jazz des années 1918 à 1938. Un hommage justifié et brillant à Louis
Armstrong. Ce « vieux jazz » souvent ignoré parfois méprisé est en
fait sa colonne vertébrale. Le concert, à visée pédagogique, en fait la
démonstration. La « plus petite des petites formations », avec six
musiciens, reproduit le schéma traditionnel : saxos ténor et baryton,
trombone à coulisse, cornet (trompette) à la Satchmo, banjo, perçussions avec washboard,
et contrebasse acoustique dédiée à la walking bass. Quasiment année
après année, les standards du genre ressurgissent du deep south ou de
Chicago, convoquant les mannes de King Oliver et de Billie Holiday. Certains
trouvent des prolongements après la seconde guerre mondiale, avec Fats Domino (My
blue heaven). Mais quand une "ouverture" s’opère vers Duke Ellington
et ses arrangements plus sophistiqués que la joyeuse polyphonie new-orléanaise,
on mesure alors toute la qualité des instrumentistes, d’une facture et d’une
précision quasi classiques. Malgré l’humour à la W.C.Fields du
chef-présentateur, la prestation reste cependant retenue, voire un peu austère, les musiciens jouant assis même
pendant les solos, surtout ceux de la section rythmique du second rang, à part
pour le final libérateur au banjo.
 |
HOLY TOTSY GANG |
Avec le Fredj Trio on
pouvait s’interroger sur ce crooner pianiste des Mauges. En fait, son
solide petit groupe ne se contente pas de revisiter de nombreux thèmes, en
flirtant parfois avec les variétés et en puisant dans un répertoire apparemment
hétéroclite. Mais, balade ou samba, la voix de Frédéric Bourgeois reste
toujours jazzie dans le scat, s’appuyant sur la basse élégante et
chantante de Simon Mary et les rythmes sans esbroufe de Samuel Lecomte, excellent dans la batida brésilienne.
De fait, dans sa prestation esthétique et raffinée, il apparaît peu à peu que
l’une des principales références de ce groupe soudé est bien plutôt Éliane Elias, nouvelle voix internationale de la bossa nova.
Assurément ce 1er
festival de Savenay offrait, on le voit, un panorama large et diversifié du
jazz d’hier et d’aujourd’hui - en évitant les écueils de certaines écoles et
périodes moins accessibles - ce qui fait espérer et attendre d’autres
explorations attrayantes pour les années à venir.
Monsieur Martin Jean-Yves j'apprécie pleinement vos commentaires.Serons nous à la hauteur dans la continuité? afin de continuer d'aiguiser votre curiosité musicale, vous avez durant ces 4 jours fait preuve d'une assiduité... qui va droit au cœur
RépondreSupprimerdes organisateurs,un grand merci cordialement
Jean-François Arthur