La
dictature militaire (1964-1985) constitue un trou de vingt ans dans l’histoire
du Brésil. Le livre Olga, du Brésilien Fernando Morais, n’a pu être publié
qu’après cette période noire, en 1985, avant d’être réédité en 1994 au Brésil. Il a été traduit en Français, et republié aujourd'hui par les éditions Chandeigne (Première édition en 1993), avec une excellente préface de Gérard Siary, professeur de littérature comparée à l'Université Paul Valéry de Montpellier.
Ce livre traite largement « de l’ennemi juré par excellence, Luis Carlos Prestes, le communiste le plus célèbre de mon pays » (1898-1990), explique l’auteur dans l’Huma. « C’est un héros quasi épique. Il a été au milieu des années 1920 à la tête de la colonne révolutionnaire qui porte son nom » (1924-1927, avec 1.500 hommes, sur 25.000 km, voir la carte ci-dessous), laquelle a inspiré, dix ans plus tard, la Longue Marche (1934-1935) à Mao Zedong en Chine.
Ce livre traite largement « de l’ennemi juré par excellence, Luis Carlos Prestes, le communiste le plus célèbre de mon pays » (1898-1990), explique l’auteur dans l’Huma. « C’est un héros quasi épique. Il a été au milieu des années 1920 à la tête de la colonne révolutionnaire qui porte son nom » (1924-1927, avec 1.500 hommes, sur 25.000 km, voir la carte ci-dessous), laquelle a inspiré, dix ans plus tard, la Longue Marche (1934-1935) à Mao Zedong en Chine.
Sa
femme, Olga Benàrio, née à Munich le 8 février 1908 est morte gazée dans le camp de
concentration et d'extermination de Bernbourg le 23 avril 1942. Militante communiste allemande
d’origine juive, mariée à Luís Carlos Prestes, elle fut extradée vers
l’Allemagne par le gouvernement brésilien pro-nazi de Getúlio Vargas. Elle est
embarquée vers Hambourg où elle est arrêtée par la Gestapo et emprisonnée. Sa
fille, Anita Leocádia Prestes, est née en prison. Olga est déportée au camp de
concentration de Ravensbrück, puis elle est assassinée dans la chambre à gaz de
Bernbourg.
Dans
l’oubli d’Olga Benario, il faut certes faire la part du machisme brésilien,
souligne Fernando Morais. Rien à voir en tous cas avec le culte de Maria Bonita (Maria Déia) compagne
du bandit (cangaçeiro) Lampião dans les années 1920, toujours l’objet d’un véritable
culte, culturel et populaire, au Brésil. Même quand Jorge Amado écrit le
« Cavalier de l’espérance » (1942), commande du parti communiste
brésilien sur l’histoire de Prestes, il n’y a qu’un seul paragraphe sur Olga,
où elle n’apparaît qu’en tant que femme de Prestes. On « attend toujours
avec impatience la première grande biographie de Prestes » estime Morais.
Son propre livre contient de nombreuses
révélations sur l’histoire du Brésil, en particulier pour de nouveaux lecteurs Français. Par
exemple, sur la seule fois que l’Internationale communiste, le 27 novembre
1935, où Prestes a réussi à convaincre les dirigeants de la IIIème Internationale à Moscou (Komintern), Dmitri Manouïlski et le bulgare
Georges Dimitrov, de la nécessité de passer à l’action au Brésil. « Il leur a affirmé que le pays était mûr. Ce n’était pas le cas (…) Il y a surtout que le peuple n’était pas
prêt. La révolution n’a pas duré douze heures. Seules Rio, Recife et Natal
s’étaient soulevées » [lire note 1] explique Morais regrettant qu’aujourd’hui,
« les forces communistes sont faibles au Brésil. Le parti a changé de nom.
Il se nomme Parti populaire socialiste. Le Parti communiste brésilien existe
encore mais il se cantonne à Rio. C’est dommage ».
Olga Benàrio et Luis Carlos Prestes |
« Le livre de Fernando Morais retrace la
vie exemplaire d’une révolutionnaire d’exception. C’est une mine d’informations
historiques. La trajectoire d’Olga et de Prestes est exactement retracée sans
laisser dans l’ombre aucune péripétie », souligne l’Huma.
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Note 1 : "L'Etat fédéré du Rio Grande do Norte, capitale Natal, se caractérise, au tournant du XXe siècle, par l’émergence d’un mouvement ouvrier qui dépasse largement le stade du simple embryon. Cette caractéristique trouve aussi des prolongements au plan politique. Un parti communiste est fondé dès 1922 dans le Pernambuc qui devient ainsi un centre de diffusion du communisme pour tout le Nordeste. Dans le Rio Grande do Norte, un parti communiste est fondé à Natal en 1928 et, pense-t-on également, à Mossoro. Dans la première moitié des années trente, le P.C. de Natal compte 20 cellules organisées dans les quartiers et les localités et, au moins, 300 adhérents. L’étape suivante de son implantation concerne d’autres villes du Rio Grande, notamment Mossoro, Areia Branca et Alagoinhas.
C’est dans ces conditions qu’à Natal, eut lieu, le 23 septembre 1935, un soulèvement communiste qui réussit à mettre en fuite le Gouvernement de l’Etat, et constitua un gouvernement révolutionnaire qui ne dura que trois jours avant de se dissoudre, à la nouvelle des échecs de soulèvements similaires dans d’autres régions du Brésil. Par contre, à Mossoro il ne se passa rien. Aujourd’hui encore, considère B.C.FERREIRA, "les analyses sur cet épisode sont (...) insuffisantes dans l’appréciation de ses causes, de ses significations et de ses conséquences". La réaction officielle au soulèvement prit la forme d’une répression sans précédent. Les organisations syndicales et politiques furent interdites et des centaines de travailleurs remplirent les navires en direction des prisons du sud du pays." J-Y Martin, thèse 1998, Introduction, page 9.
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