Ce premier roman de Marc Lavoine, plus connu comme chanteur
que comme romancier, est un best-seller qui n’a certes plus besoin d’un
quelconque soutien. C’est pourtant un bonheur de lecture à partager. Un hommage doux amer à son père,
coureur invétéré – « L’homme qui ment » - mais peut-être encore plus
à sa mère, dépressive, qui finit par divorcer, et à l’ensemble de sa famille.
Marc Lavoine revisite son passé à la fin des années
soixante, en banlieue sud. Où il est question de la vie pavillonnaire, dans
l’axe des pistes d’Orly, au pied des grands ensembles, à l’ouest de la Seine, à
hauteur de Villeneuve Saint Georges et de sa grande gare de triage. Et, aussi,
le militantisme de son père, Lulu : « On a marché au rêve
communiste qui ne se réalisera sans doute jamais. Pour l’heure, notre famille,
notre maison vivait bercée par ce rêve que le monde contestataire partageait
avec nous. Angela Davis, Salvador Allende, les opposants à la guerre du
Vietnam, nous les grévistes, les manifestants contre de Gaulle, Pompidou, Giscard ».
Son père mobilisait toute la famille dans ses engagements : « Chaque
élection, seaux, pinceaux, colle affiches Parti communiste. Programme
commun : la nuit nous nous tenions à tes côtés, et c’était formidable
cette impression d’être dans la Résistance. On vendait le muguet du 1er
mai et, tous les dimanches, l’Huma, dont les dessins de Cardon faisaient ta
joie. Nous, on s’occupait du local, à Wissous ; toi tu t’occupais du
national. CGT, PTT, les grandes grèves les grandes décisions, c’était trop pour
nous, c’était ton job. On ne savait plus très bien d’ailleurs si ton boulot,
c’était PTT ou PCF. Le dosage c’était un tiers CGT, un tiers PTT et ton tout le
communisme, tout ça nous dépassait un peu et nous faisait rêver ».
A travers l’histoire et la culture aussi : « Le
mouvement hippie, enfant de 68, de la guerre du Vietnam et des Blacks Panthers
ou des leaders cubains, chiliens, portugais, italiens, espagnols, grecs, et des
penseurs, acteurs, philosophes de l’époque, nous maintenait dans ce rêve de
victoire. Même Picasso, le plus grand peintre du monde, était de notre côté.
Pour les ados de ma génération, l’image des icônes progressistes étaient comme
celles des pop stars. Guevara, Bod Dylan, Angela Davis, même combat : ils
finissent sur des tee-shirts. Alors peut-être était-ce le début de la fin des
pensées simples pour les gens simples ».
A lire, aussi pour l’évocation des Fêtes de l’Huma, le récit des vacances en camping à Douelle,
dans le Lot.
Merci à Marc Lavoine pour ce bonheur d’écriture et de lecture.
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