Une "Sociologie de Nantes" au prisme de sa centralité métropolitaine

Quelles sont les catégories sociales qui sont les principales actrices et bénéficiaires des évolutions récentes de Nantes et de sa sociologie ? Tel est l’objectif que se sont fixé les cinq auteurs du livre « Sociologie de Nantes », tous enseignant(e)s à l’université de Nantes. En partant du principe qu’il ne faut pas prendre pour argent comptant titres et palmarès que la ville détient, car « les villes sont devenues l’objet d’habiles campagnes de communication, relayées par une presse complaisante, en quête d’audience. Ne dissimulent-ils pas finalement de larges pans des réalités urbaines tant ils focalisent l’attention sur les éléments qui changent, sur l’avenir, reléguant à l’arrière-plan l’histoire des villes et de leurs habitants ou l’instrumentalisant à des fins politiques ? » 

Une interrogation d’autant plus légitime que le constat est posé d’emblée que la ville de Nantes a « beaucoup changé depuis les années 1980. Jadis isolée des campagnes environnantes, elle est devenue le cœur d’un ensemble plus vaste, Nantes Métropole. Quand bien même la ville continue de concentrer la plus grande partie des administrations et des services, elle ne représente plus que la moitié des habitants de cet ensemble ».

Finalement il en ressort que réduire le périmètre d’examen sociologique à la seule ville de Nantes "intra muros" présente, à l’évidence, certains risques. Certes les constats sont-ils pertinents et pas toujours complaisants en matière de démographie, de composition sociale, de culture et de patrimoine, d’histoire et de mémoire, de comportements électoraux et de "gouvernance" communautaire. Mais ce qu’il conviendrait cependant de poser d’une manière plus globale et plus large c’est désormais la question du contenu et des formes de la centralité de Nantes dans son aire d’influence sans cesse élargie. Ici, les réponses de cette
sociologie de Nantes - stricto sensu - n’échappent pas à la prégnance de la centralité, en ce qu’elle nous ramène, encore et toujours, de l’aire urbaine à l’agglomération, puis à la communauté urbaine, et enfin au seul cœur urbain Nantais que ce soit en termes de démographie, de sociologie, de mémoire et de gouvernance. Trop souvent encore réduite à la seule problématique dite de "l' Île de Nantes", c'est-à-dire à la centralité de la centralité. Mais sans jamais réussir de la sorte à tenir assez compte du fait qu’une centralité ne vaut et n’existe véritablement que par ses périphéries.

Pour une analyse plus  complète : http://www.jy-martin.fr/spip.php?article103

P.Masson, M.Cartier, R.Le Saout, J-N.Retière et M.Suteau, Sociologie de Nantes, Coll. Repères, La Découverte, 2013, 126 p., 10 €.

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