Éloge de l'Hyper

Pendant un an – de novembre 2012 à octobre 2013 - Annie Ernaux a tenu le journal de ses visites à l’hypermarché Auchan du centre commercial des Trois-Fontaines situé en région parisienne, à Cergy. « Voir pour écrire, c’est voir autrement », écrit-elle. On redécouvre en effet à ses côtés le monde de la grande surface. Loin de se résumer à la corvée des courses, celle-ci prend dans ce livre un autre visage : elle devient un grand rendez-vous humain, un véritable spectacle. Avec ce relevé libre de sensations et d’observations, l’hypermarché, espace familier où tout le monde ou presque se côtoie, atteint la dignité de sujet littéraire. D'où son grand succès (N°1 des ventes catégorie essais).


Extrait


« Les super et hypermarchés ne sont pas réductibles à leur usage d’économie domestique, à la « corvée des courses ». L’hypermarché est pour tout le monde un espace familier dont la pratique est incorporée à l’existence, mais dont on ne mesure pas l’importance sur notre relation aux autres, notre façon de « faire société » avec nos contemporains au XXIe siècle. Or, quand on y songe, il n’y a pas d’espace, public ou privé, où évoluent et se côtoient autant d’individus différents : par l’âge, les revenus, la culture, l’origine géographique et ethnique, le lookLes femmes et les hommes politiques, les journalistes, les « experts », tous ceux qui n’ont jamais mis les pieds dans un hypermarché ne connaissent pas la réalité sociale de la France d’aujourd’hui. » Annie Ernaux

Dans la presse




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A lire en ligne, en complément, dans la même série "Raconter la vie" : Grande surface
L’auteur a travaillé dans la grande distribution et reste « choqué » par cette expérience déshumanisante. Pour faire écho au livre d’Annie Ernaux, "Regarde les lumières mon amour", voici un témoignage, en direct des rayons. "L’expérience que j’ai vécue dans ce monde de la grande distribution m’a marqué, choqué par cette violence ordinaire, par le silence qui tue, par cette abnégation de l’être, l’homme au service du capital qui retourne au capital, j’ai de mes yeux vu des rayons où deux personnes effectuaient le travail de quatre, je l’ai moi-même fait."
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Annie Ernaux, Regarde les lumières mon amour, Seuil, Coll. Raconter la vie, Seuil, mars 2014, 72 pages, 5,90 €

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