"Histoire et posture commémorative" par Vingtras

Comme les éclairs de lucidité sont très rares sur le sujet, il n'est pas trop tard pour partager ici le billet de Vingtras : "Histoire et posture commémorative" mis en ligne le 5 septembre 2013 sur Médiapart. 
A l'époque c'était suite à la commémoration franco-allemande officielle, le 4 septembre 2013, du massacre d'Oradour sur Glane, qui se produisit le 10 août 1944. 
Aujourd'hui, alors que les commémorations de la Guerre 1914-1918 se profilent, il n'a rien perdu de son actualité et de sa pertinence.

Extraits : 

"En dehors des commémorations religieuses ou civiles qui sont les points de repère du calendrier, nous assistons sporadiquement à ces coups de projecteur sur des événements historiques dont la résonance permet de nimber le présent voire de justifier le bien-fondé d'une gouvernance. (...)

Cela nous ramène, une nouvelle fois, à la problématique de la commémoration.

L'historien-philosophe Paul Ricoeur a dit et écrit à ce sujet des réflexions que je partage. Pour faire court, la commémoration tue l'Histoire car elle fige, dans un contexte émotif, tout l'effort heuristique et critique de l'historien. Elle exalte l'histoire-musée (qui deviendra l'histoire-spectacle pour la télévision) en obérant cette recherche passionnée de la vérité qui devrait être la vertu cardinale de l'esprit humain.

Dans l'histoire de l'humanité, il y a un long (trop long) cortège de génocides et de barbaries. Les cailloux du Petit Poucet de l'ignominie. Et nous devons les regarder en face : la Saint Barthélémy, le génocide des Indiens d'Amérique, le massacre des Communards, la Shoah, Sétif, etc...

Les postures commémoratives sont probablement utiles pour rafraîchir les mémoires. Mais il ne faudrait pas qu'elles se substituent à la connaissance du passé avec cette colorisation artificielle et conjoncturelle induite par l'opportunité.

L'Histoire n'a jamais de fin."

Pour lire la suite sur Médiapart : http://blogs.mediapart.fr/blog/vingtras/050913/histoire-et-posture-commemorative

Commentaires

  1. Bonjour. Que voila une thématique intéressante ! L'Histoire devient philosophie. La recherche de le vérité est elle une exclusive de l'historien? Si ce n'est le cas, qu'est-ce qui fait la spécificité de cette discipline ? Depuis longtemps, l'Histoire, celle que l'on enseigne dans nos écoles, semble vouloir s'affranchir de la rigueur chronologique. Or, ce faisant, le risque d'anachronisme, voir du prisme du modernisme, est grand, dans la recherche historique. Il est évident que la commémoration est une interprétation émotionnelle d'un évênement historique. Vouloir les négliger serait cependant une erreur, car cela conduirait à en occulter la symbolique, qui, quoi qu'on en pense, est un des éléments de la vérité historique. Pourquoi, sans cela, la fête de la Nation est-elle devenue la célébration de la prise de la bastille, à postériori ? Bien piètre évênement, à l'échelle de la Révolution, d'ailleurs ...

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