Le "Dictionnaire amoureux de la Loire" de Danièle Sallenave
Ce qu’il y a de bien dans cette collection des "dictionnaires amoureux" (Ed. Plon, 2014), c’est qu’on peut les lire à son rythme, au gré de l’intérêt que l’on porte, à tort ou a raison, à telle ou telle de ses "entrées". (Voir également le Dictionnaire amoureux du Brésil, de Gilles Lapouge). Malgré l’adhésion mitigée que l’on peut avoir sur certains des articles, au fil d’un parcours forcément très personnel, se dégagent pourtant les grandes lignes d’un sentiment d’appartenance ligérien qu’on ignorait peut-être aussi fort chez soi-même.
L’auteure le reconnaît : « J’aime tout de la
Loire : le fleuve, ses crues et ses grèves d’été, le froissement des
roselières sous l’envol d’un héron, le lent battement de l’eau sur une cale
pavée, le soleil qui se couche sur les bancs de sable, le reflet de la nuit
lumineuse sur le grand fleuve… Les vins de Sancerre et ceux de l’Anjou.
L’architecture de ses villages, de ses abbayes, les châteaux qui scandent son
cours, le mariage de l’ardoise et du tuffeau, et toute cette grande histoire
qui s’est inscrite dans sa géographie ».Le grand géographe Vidal de la Blache est d'ailleurs cité, lui dont D.Sallenave rappelle qu’il
considérait qu’avec la géographie « aucune science ne se montre au même
degré dépendante de la conception qu’on se fait de l’homme ».
Si tous les " incontournables " de la Loire sont bien là : personnages – de Du Bellay à Julien Gracq, mais aussi L.Aragon et J.Zay - et
lieux – Nantes et Angers, tous les châteaux de la Loire, mais également
Béhuard, Savennières, Montreuil-Bellay - d’autres surprennent ici, et l’on
découvre avec curiosité leur relation plus ou moins intime à la Loire.
Au passage, la question du « sexe de la Loire »
est même posée, et la querelle ancestrale des « chie-dans-l’eau » et des « culs-terreux »
est évoquée. Avec une colère justifiée sur la manie actuelle de la Labellisation
touristico-patrimoniale ; une mise au point utile, et d’actualité, sur les
crues et les inondations ; mais des appréciations plus contestables sur
les pollutions.
Peu à peu, l’ensemble contribue, par touches successives, à faire mesurer à quel point on peut être ligérien, sans toujours le savoir. Dans ses remerciements, l’auteure écrit : « que soit saluée et remerciée la foule de ceux qui, à tous les points du cours de la Loire, se sont penchés sur son histoire, sa géographie, sa faune, sa flore et les épisodes marquants de sa grande aventure. Et qui, chercheurs, historiens, amateurs éclairés, ont déposé sur le fleuve Internet des trésors de connaissance alluviale et féconde. J’ai éprouvé à chaque instant la joie de me sentir reliée ainsi à la grande communauté qui s’est tissée sur la Toile autour de la "rivière de Loire" ». Nul doute que ce livre contribuera à révéler, élargir et consolider une telle communauté à laquelle on s'étonne un peu d’appartenir, si fondamentalement, à son agréable lecture.
Merci à ma sœur Monette pour ce joli et plaisant cadeau d’anniversaire.
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