Facture fictive 2013 de la redevance incitative : la réalité dépassera la fiction en 2014.

Fictive : qu'en dit le Robert ? Fictif-ive, du latin fictus => feindre. Créé par l'imagination, qui n'existe qu'en apparence. Feindre ? Faire semblant de... "Action de feindre" : dissimuler à autrui. Feinte ? dissimuler, mentir. Avec un rappel de cette locution proverbiale : "la réalité dépasse la fiction".
Cette "facture fictive" que nous venons enfin de recevoir - et qui aurait du être envoyée avant l'adoption du barème 2014 par le conseil communautaire de Loire et Sillon - apporte opportunément la preuve qu'en matière de facturation d'enlèvement des ordures ménagères, avec la mise en place de la Redevance Incitative, la note à payer va fatalement s'alourdir en 2014.
Car la facture que nous venons de recevoir elle l'est assurément, "fictive" ! Et à plus d'un titre, en ce qu'elle sous-estime fortement ce que sera le montant réel de ce que nous aurons à payer pour l'année entière 2014.
1 - Parce qu'elle ne porte que sur une partie de l'année 2013, du 1er avril (Mais ce n'est pas un poisson d'avril ) au 30 septembre, soit 6 mois certes, mais incluant les mois d'été où il arrive qu'on soit absent de son domicile pour cause de vacances. Donc impossible de multiplier simplement par deux le montant de la facture fictive 2013 pour avoir une idée exacte de ce qu'elle sera, en réel, sur toute l'année 2014.
2 - Parce qu'elle n'inclut pas le nombre de passages supplémentaires en déchetterie au-delà des 12 compris dans l'abonnement, donc déjà payants même si on les qualifient parfois de gratuits.
3 - Parce qu'elle ne comprend pas non plus les rouleaux verts de "sacs prépayés éventuellement fournis par le service" - au prix de 9 € le rouleau de dix ! - pour prévoir les cas où, certaines semaines, le bac minimaliste attribué ne suffira pas à la présentation de nos ordures ménagères.
Pour que le montant de la redevance incitative 2014 puisse ne pas doubler celui de la TEOM (taxe d'enlèvement des ordures ménagères) 2013, il faudra diviser par deux le nombre de présentation du bac aux passages hebdomadaires de la benne. Jusqu'à ce qu'elle ne passe finalement plus que tous les quinze jours.
Soit, au mieux, nous aurons à payer autant pour un service, effectivement rendu, diminué de moitié ! Au résultat c'est bien : payez plus pour un service amoindri ! Sans oublier, enfin, qu'il est difficile de prendre au sérieux les engagements de ne pas augmenter de plus de 1,5 à 2,5 % par an le montant de l'abonnement au service dans les cinq années à venir.
Sous prétexte de "développement durable" et d'application du "principe pollueur = payeur ", c'est bien d'un recul brutal du service public qu'il s'agit en réalité.

Mais, ne nous y trompons pas : la RI n'est qu'une étape dans la mise en œuvre locale plus large d'un "Projet Vert, un enfer pavé de bonnes intentions" selon Tomjo (2013), un écolo critique Lillois qui sait de quoi il parle. Avec cette conclusion en forme d'alarme : "A Lille déjà, le service de collecte des ordures ménagères fouille les poubelles des habitants pour mettre à l'amende les mauvais trieurs, identifiés par leurs déchets. Demain, ce seront nos résidus d'existence que les écolos-technocrates vont inspecter, trier et valoriser pour nous plier au Nouvel Ordre Vert" (p.92). Une évolution qu’André Gorz envisageait dès 1977 dans Écologie et liberté.
Jusqu'où nous faudrait-il gober les fictions de la RI sans piper mot ?

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