Mercredi 13 novembre à la salle culturelle de la vallée à la
Chapelle-Launay, environ soixante personnes ont participé à une soirée débat,
organisée par la municipalité, sur les fusillés pour l’exemple pendant la
guerre de 1914-1918.
Présentée par Jean-Claude Bonhomme, conseiller municipal
chargé de l’animation du groupe de travail d’histoire locale et animée par
Roger Lepeix coordinateur du collectif de la région nazairienne pour la
réhabilitation, la soirée a débuté par la projection du film documentaire
d’Alain Moreau et Patrick Cabouat "Fusillés pour l’exemple" (Programm
33, 2003). Ce film s'attache à évoquer quelques épisodes précis : les six de
Vingré, les quatre caporaux de Souain, une exécution en Belgique et les mutinés
de Craonne. Y interviennent les descendants des fusillés qui, sur les lieux de
l'exécution, retracent le déroulement des faits. Avec émotion, certains
relisent à voix haute les dernières lettres des condamnés. A Craonne, le maire
montre les lieux exacts des affrontements et fait revivre la cruauté des
combats et le désespoir des soldats, qui finiront par se révolter.
Il donne aussi la parole au général André Bach, chef du
service historique de l'armée de terre et des archives du Fort de Vincennes,
qui a pu conduire une étude exhaustive sur le sujet, poussé, explique-t-il, par
la volonté d'éclaircir une réalité alors fortement polémique, suite à l'hommage
rendu par Lionel Jospin aux fusillés pour l'exemple, à Craonne en novembre 1998
et parce que lui-même avait été révolté dans sa jeunesse par la découverte de
ces épisodes. Il éclaire la chronologie et le contexte des faits, relayé par
Nicolas Offenstadt, historien universitaire, spécialiste des pratiques de la
guerre et de la paix du Moyen Âge à l'époque contemporaine, auteur, entre
autres, des "Fusillés de la Grande Guerre" et de "La Mémoire
collective".
Après la guerre, dès le début des années 20, des familles
(et notamment des veuves, comme la veuve Maupas) vont obtenir la réhabilitation
de certains fusillés, après qu’ils aient eu à subir honte et déshonneur. Leurs
démarches seront alors soutenues par les ligues de droits de l'homme et les
anciens combattants (dont l’UNC, récemment créée), qui s'attacheront à défendre
la mémoire des fusillés.
Après que Roger Lepeix ait longuement évoqué l’activité du collectif
nazairien pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple, et que
Jean-Claude Bonhomme ait décrit le travail en cours aux archives municipales et
départementales sur les Poilus de la Chapelle-Launay, le débat avec la salle a
permis ensuite d’aborder de nombreuses questions : le rôle de l’État-major
et des cours martiales dans les condamnations ; la démission du pouvoir
politique au début de la guerre ; les aléas récents de la cause de la
réhabilitation, à travers les déclarations successives de L.Jospin (1998),
N.Sarkozy (2008) et F.Hollande (2013) et la nécessité de distinguer les
"fusillés pour l’exemple" de 1914-1916 des "Mutins de
1917", en replaçant les divers cas dans le contexte du mouvement
historique du déroulement de la guerre, du pacifisme (J.Jaurès) à l’Union
Sacrée et au "grand tournant" du printemps 1917.
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