Dans Place publique #41 septembre octobre 2013 p.47-50. En
vente partout, 160 p.,10 €.
Résumé : Et si la question aujourd’hui n’était plus
celle du rapport entre ville et banlieue, mais entre ville et périurbain ?
C’est la thèse défendue par Éric Charmes pour qui il faut d’abord cesser de
stigmatiser les périurbains sous prétexte qu’ils ont choisi – ou ont été
contraints – de vivre loin des centres-villes.
Extraits :
Place publique : Peut-on dire que la différence entre
ville et banlieue marque un changement d’époque ? La banlieue,
contemporaine de l’industrialisation, et le périurbain, lié à la consommation
de masse, notamment à l’usage généralisé de l’automobile ?
Eric Charmes :
En effet, le périurbain, ou ce qu’on a aussi appelé la rurbanisation,
apparaît en réalité comme concept dans les années 1960, mais n’a cessé de
s’intensifier depuis. Jadis, les villages des campagnes proches des villes sont
devenus des faubourgs, puis des banlieues et parfois des quartiers rattachés à
la ville centre. Mais aujourd’hui, les nappes urbaines englobant ville centre
et banlieues ne s’étendent plus
beaucoup, en tout cas sûrement pas de façon continue à la façon d’une
tache d’huile. L’étalement urbain est désormais le fait de couronnes péri-urbaines
successives, constituées de villages, de bourgs et de petites villes intégrées
dans l’orbite d’une ville voisine. L’extension de ces couronnes est très
rapide.
Place publique : comment gouverner un territoire aussi
émietté ?
Eric Charmes : Pour le périurbain, tout reste à faire.
Comment incarner politiquement à la
fois la relation de dépendance et la volonté d’autonomie par rapport à la ville
centre ? Dans ce jeu d’ailleurs, le périurbain n’est pas toujours en
position dominé (…) Mais l’essentiel pour commencer est la prise de conscience
du problème et de sa nature : le périurbain c’est autre chose que la
banlieue. Et il faut arrêter de stigmatiser cet espace et ses habitants,
souvent accusés de tous les maux : gaspiller les terres, aggraver l’effet
de serre et voter Front national !
(…) La périurbanisation repose et redéfinit la question du droit à la
ville. Quel accès aux emplois, aux services et aux équipements de la ville pour
les périurbains ? Il devraient, en tout cas, eux aussi, bénéficier du
droit à la ville que les banlieusards ont fini par acquérir, au moins en
principe (…).
C’est d’une campagne urbanisée qu’il s’agit ! Ce
paradoxe résume bien en effet toutes les contradictions de l’espace périurbain.,
toute l’ambiguité du regard qu’on jette sur lui et sur ses habitants.
et Ville émiettée et "clubbisation" du périurbain (Eric Charmes)
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