Le député du Nord Marc Dolez, annonce qu’il quitte le Parti
de gauche (PG) qu’il a cofondé avec Jean-Luc Mélenchon, ex-socialiste également, en novembre 2008. Jusqu’ici dernier parlementaire français du PG,
il dit vouloir rester un «militant actif» au Front de gauche.
Propos recueillis pour Libération par le journaliste Lilian Alemagnia, co-auteur de
la biographie à (re)lire : "Mélenchon le Plébéien".
Des propos qui ne peuvent être trop rapidement réduits à la caricature d’une querelle d’egos, s’agissant là avant tout de critiques recevables sur les ambiguïtés de la stratégie qui se cache derrière l’étiquette et le logo "Front de Gauche".
Pourquoi décidez-vous de quitter le Parti de gauche ?
Le PG s’est éloigné des fondements qui prévalaient lors de
sa création. Mes divergences portent sur l’analyse de la situation politique
mais aussi sur la stratégie. L’objectif doit rester de faire bouger les lignes
à gauche, déplacer son centre de gravité et la mettre sur une orientation qui
permette de sortir de la crise.
Que reprochez-vous ?

Jean-Luc Mélenchon parle de «concurrents»…
Jean-Luc Mélenchon nous a permis d’atteindre un score à la
présidentielle - 11% - que je n’aurai jamais imaginé. Cet acquis doit être un
socle pour passer à une nouvelle étape. Mais ne donnons pas le sentiment que
l’adversaire du Front de gauche, c’est le PS. La concurrence est légitime si
elle se fait dans la clarté. Le Front de gauche stagne. La baisse du PS ne nous
profite pas. La campagne contre les politiques d’austérité annoncée pour
janvier est une bonne initiative pour se relancer.
Le Parti de gauche est devenu à ce point différent ?
Il a connu une lente évolution. Je suis, par exemple, d’une
grande perplexité quant à la surenchère écologique issue des assises pour
l’écosocialisme. Elle se fait au détriment de la question sociale. Le PG a
aussi tendance ces derniers temps à ne pas jouer suffisamment collectif.
L’élaboration de son contre-budget s’est faite sans concertation avec les
groupes parlementaires. Ça m’a mis mal à l’aise… Constatant ce décalage, je
préfère officialiser mon désaccord. Puisque le parti est dans la préparation de
son congrès, il est honnête de dire aux militants que je n’y participerai pas
et que je quitte le PG.
Mais cette orientation séduit de jeunes militants…
Certainement ! Mais elle ne me convient plus. Le PG connaît
une dérive un peu gauchisante. Je conçois que cela puisse séduire et je
respecte les militants qui y adhèrent. Mais l’objectif est d’ouvrir une
alternative. Pas de créer une organisation condamnée à la minorité.
Qu’allez-vous devenir ? Vous comptez retourner au PS ?
Je reste un militant actif du Front de gauche, qui
m’apparaît plus indispensable que jamais. J’entends participer à son expression
à l’Assemblée nationale. Je n’ai pas quitté le Parti socialiste pour y revenir.
Mélenchon ne vous avait pas consulté lors de sa venue à Hénin-Beaumont. Cela a-t-il précipité votre choix ?
Je me suis volontairement mis en retrait des instances
depuis un bon moment. Cela peut expliquer qu’on m’ait moins consulté… Mais,
pour Hénin-Beaumont, si on ne m’a pas demandé mon avis, c’est qu’on connaissait
déjà la réponse et qu’on n’avait pas envie de l’entendre.
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