Conférence métropolitaine de Nantes Saint Nazaire
La dynamique d’un territoire est moins due à son poids qu’à ses liens. Rompant avec l’approche reposant sur les tailles et les distances, la géographe Nadine Cattan, dans une intervention remarquée à la 5ème Conférence métropolitaine de Nantes Saint-Nazaire, le 25 novembre, a mis en avant l’idée de système urbain, fondé sur les relations entre les villes.
La dynamique d’un territoire est moins due à son poids qu’à ses liens. Rompant avec l’approche reposant sur les tailles et les distances, la géographe Nadine Cattan, dans une intervention remarquée à la 5ème Conférence métropolitaine de Nantes Saint-Nazaire, le 25 novembre, a mis en avant l’idée de système urbain, fondé sur les relations entre les villes.
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Vous plaidez pour une approche des territoires en termes de systèmes urbains. Que voulez-vous dire ?
Vous plaidez pour une approche des territoires en termes de systèmes urbains. Que voulez-vous dire ?
La définition du développement territorial reste figée si
elle est perçue comme la nécessité survalorisée de rééquilibrer les masses et
les tailles. Elle reste alors fondée sur les notions de centre et de périphérie
, de dominant et de dominé qui ne sont plus les réalités observées. La question
primordiale n’est plus de compenser des déficits, d’être gros ou visible, mais
de trouver les liens pertinents et de les valoriser.
Quelles sont les pistes pour faire évoluer les
perceptions et la gouvernance des territoires ?
Les difficultés sont aussi institutionnelles, car les
acteurs des territoires fondent leur gouvernance sur les limites
administratives.
Le constat est que ni la ville, ni la métropole ne sont
pertinentes pour penser le développement territorial. Désormais, c’est
l’échelle des systèmes urbains qui doit être la brique de base.
Le système urbain de proximité de Nantes est un réseau de seize villes et aire urbaines
s’étendant d’est en ouest de Saumur à Saint-Nazaire et du nord au sud de
Châteaubriant aux Sables-d’Olonne, comptant 1.750.000 habitants (voir la
carte).
Au plan local comme au plan national, c’est l’image de l’archipel
qui doit être retenue. Le défi posé aux élus et aux acteurs du territoire est
de se saisir de ce nouveau cadre, fondé sur les liens et les flux, pour élaborer
des stratégies territoriales relatives à l’habiter et au produire. Ce n’est pas
la fin des territoires, mais la logique d’une multi-appartenance, la prise en compte
simultanée des racines et des trajectoires. Aujourd’hui, le territoire est aussi
un réseau.
La Lettre API – Spécial Conférence métropolitaine 2011, p.22-23,
extraits.
"Selon Nadine Cattan*, géographe et directrice de recherche au CNRS, tout se joue à l’échelle du territoire. « Les dynamiques territoriales sont fondées sur les liens d’interdépendance et d’articulation. L’enjeu majeur n’est plus d’être gros ou visible, mais de trouver des liens pertinents et de les valoriser. » Changer son regard sur les déplacements et « élargir l’analyse » sur les autres formes de mobilités qui existent. « Les liens à distance jouent aussi leur rôle et participent des dynamiques spatiales et du développement du territoire », souligne encore la géographe. « La société mobile et de loisirs renvoie à un très grand nombre de flux. Les déplacements de loisirs sont très rarement pris en compte. » Les usagers métropolitains bougent beaucoup sur leur territoire et n’hésitent pas à aller sur le littoral, notamment. « Le système urbain de Nantes est un réseau de 16 villes, tenu par des liens robustes et très diversifiés », argumente encore Nadine Cattan. Le 2e échelon est « l’échelle nationale ». Là, Nantes est connecté à 29 autres aires urbaines françaises".
* Nadine Cattan
poursuit des travaux d’analyse du fonctionnement interactif des espaces
métropolitains. Elle a opéré un réinvestissement vers des champs
théoriques et épistémologiques relativement nouveaux : la mobilité en ce
qu’elle conduit à produire de nouvelles représentations des
territoires ; l’approche genrée en ce qu’elle permet de bousculer les
compréhensions généralement binaires de l’espace des sociétés
(centre/périphérie, global/local, privé/public, etc.). Nadine Cattan
combine les acquis de l’analyse spatiale avec une démarche de
constructivisme critique qui permet de débusquer les nouveaux objets
hybrides et de changer radicalement de catégories de lecture.
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