Loire et Sillon dans l’entre-deux de la métropole

Questions à Jean-Yves Martin, élu et militant local du PCF

NLA : Quelles sont les caractéristiques de ce territoire ?
JYM : Le territoire du canton de Savenay est écartelé entre les zones d’attraction de Nantes et Saint-Nazaire. Cet important carrefour a une fonction logistique et tertiaire, qui ne pourra qu’être confirmée avec le prochain aéroport de Notre-Dame des Landes. La gare de Savenay est un  pôle d’échanges multimodal (PEM) en puissance, mais qui peine à avancer du fait d’interprétations hésitantes et d’orientations fluctuantes.

NLA : Qu’en est-il de sa composition sociologique ?
JYM : Bien que l’agriculture occupe 80% de leur superficie, ce ne sont plus des communes "rurales". La "mixité sociale" entre couches moyennes et populaires y est une réalité. Si les agriculteurs, les cadres supérieurs, les artisans, commerçants et entrepreneurs sont des minorités influentes, les professions intermédiaires, les employé(e)s et les ouvriers, constituent cependant une large majorité populaire. Or, dans la "démocratie en sommeil" dominée par les notables qui y règne, elle est largement abandonnée à l’abstention massive ou à des votes "protestataires" sans aucun enracinement local.

NLA : Quel en est le type de développement ?
JYM : Le modèle en vigueur associe, pour l’heure, au nom du "développement économique", entrepreneurs, notaire et fonction préfectorale. Le maire de Savenay est "conseiller technique" auprès du président du Sénat, le 2ème personnage de l’État sarkozyste-UMP. Ce type élitiste de “gouvernance” des notables –  mise en place lors de la gestion socialiste précédente – privilégie, par plusieurs zones d’activités, surtout les communes riveraines de la RN165, Savenay et Malville,  alors que les autres restent des "communes dortoirs". Ce modèle - pourtant crucifié par la suppression de la taxe professionnelle - se soucie bien plus d’attirer les investisseurs que de répondre correctement aux besoins de la population locale.

NLA : Avec quelles préoccupations environnementales ?
JYM : A cheval sur le Sillon de Bretagne et riverain de l’Estuaire, ce territoire n’est pas le "poumon vert" fantasmé. Il s’y concentre, au contraire, des enjeux environnementaux majeurs. Il est soumis à la Loi littoral, à Natura 2000 et l’éventail complet des zones de protection. Le tout livré au contrôle tatillon d’une néo-technocratie pro-Grenelle qui transforme chaque projet individuel ou collectif en un improbable parcours d’obstacles. Les petites collectivités ne disposant pas, elles, des moyens humains et techniques suffisants, cela fait, du même coup, les "choux gras" d’une kyrielle de bureaux d’études. Bien sûr, préservation paysagère du Sillon et protection des zones humides et marais estuariens restent légitimes, mais leur cohérence pourrait être mieux assurée à travers un Agenda 21 cantonal.

Publié dans les Nouvelles de Loire Atlantique, n°905 du 13 janvier 2011, p.3

En bref :

Saletés de déchets
Le CET (centre d’enfouissement technique) cantonal semble lui-même enterré pour cause de "risque aviaire" près de N-D des Landes. Deux communes ont tout fait pour le faire capoter. Mais que va-t-on faire des déchets ménagers dans les prochaines années ? Jusqu’où faudra-t-il les transporter ? Seul un plan départemental cohérent apportera une réponse.

Eaux troubles 

L’assainissement non-collectif ("SPANC"), c’est tout profit pour les 3 Sœurs : VEOLIA, SAUR et ONDEO. En Loire et Sillon, le passage en régie ne rassure guère. Plus qu’un "service public", ce qui est visé ce sont de nouvelles ressources budgétaires par les contrôles. La mise aux normes des installations reste une bombe à retardement pour les prochaines années. Les coûts prohibitifs des études et installations sont très mal compensés par des aides misérabilistes. Ce n’est pas ainsi que le respect de la Loi sur l’eau progressera. Le département doit s’engager sur ces questions, qui sont d’aide sociale.

Très lent débit 
 
Si les grandes villes en sont au Très Haut Débit, via le câble, les internautes de Loire et Sillon galèrent souvent à 512 Ko, s’ils ne sont pas dans une "zone d’ombre". Les effets d’annonce ne manquent pas, mais le département s’en tient à son offre satellitaire. France Télécom veille au secret commercial sur son réseau - réputé "pourri" et voué au bidouillage intense - en refusant toute info technique aux collectivités qui veulent agir. Pour corriger la "fracture numérique", au nom de l’équité socio-territoriale et économique, le département doit lui-même passer la vitesse supérieure.

Quelle "utopie" ?
Les communistes ont été les 1ers  - et longtemps bien seuls - à poser la question d’une piscine couverte pour un des rares cantons du département à ne pas en avoir une. A l’époque, le conseiller général sortant socialiste, ironisait sur cette "utopie" ! Aujourd’hui, chacun peut constater que le chantier de la piscine communautaire avance bien au Lac de Savenay, pour une ouverture en 2011. L’utopie a donc réussi à faire bouger l’immobilisme.

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