Quelques réponses argumentées et illustrées à certaines questions géographiques, environnementales, socio-démographiques et politiques, concernant le territoire du Canton de Savenay.
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Le territoire du canton de Savenay correspond à celui des huit communes de Loire et Sillon, au risque de certaines confusions. Il est écartelé entre les zones d’influence et d’attraction de Nantes et Saint-Nazaire, les deux agglos de la métropole.
L’identité certes rurale, mais de plus en plus “périurbaine”, de cet entre-deux reste incertaine. C’est assurément un important carrefour ferroviaire et routier, avec les RN 165 et 171. Au-delà de son rôle actuel de fort transit, il peut prétendre à une fonction logistique et tertiaire dans la perspective du futur aéroport. La gare SNCF de Savenay est également un pôle d’échanges multimodal en puissance, qui peine cependant à avancer vers sa réalisation du fait d’interprétations hésitantes et d’orientations fluctuantes des divers partenaires du projet.
Quelle en est la couleur politique ?
C’est paradoxal, mais dans un canton nettement de gauche, à plus de 60%, pour tous les scrutins nationaux, la droite – embusquée dans un soi-disant "apolitisme" d’intérêts locaux - a kidnappé le chef-lieu, Savenay, en 2008. Ainsi que, dans la foulée, la majorité au conseil communautaire de Loire et Sillon. Il y règne désormais - au prix d’un "déficit démocratique" chronique - une cohabitation gestionnaire et technocratique dans l’exécutif constitué, pour l’essentiel, des maires des communes.
Canton nettement à gauche jusqu’à ce jour, il serait évidemment regrettable qu’il bascule à son tour en mars 2011. Or, avec cette surenchère ambiante de consensus centriste, c’est aussi, malheureusement, un terrain privilégié pour l’abstention massive et la multiplication de candidatures d’aventure et/ou parachutées. Elles rencontrent un certain écho, mais, faute d’un enracinement réel, ne sont pourtant “radicales” que dans leurs divers discours.
En mai 2005, au référendum sur le Traité constitutionnel européen, le NON était majoritaire dans toutes les communes du canton, alors que le PCF était la seule force politique locale organisée à faire campagne pour appeler à voter non.
Résultats du référendum sur le Traité Constitutionnel Européen du 29 mai 2005
dans les 8 communes du Canton de Savenay
Qui prétendra encore aujourd'hui que ce fut une victoire des "ringards" contre les "modernes", comme ce fut un peu vite dit à l'époque ?
Quel en est le type de développement ?
Le modèle en vigueur, managérial - gestionnaire, associe, au nom du "développement économique", des entrepreneurs, un notaire, un membre de la haute administration. En somme : l’entreprise, le foncier et l’État. Le maire de Savenay appartient au corps préfectoral : il est "conseiller technique" auprès du président du Sénat, 2ème personnage de l’État sarkozyste-UMP. Ce type de “gouvernance” d’une élite de notables – mise en place, il faut bien le dire, lors de la mandature socialiste précédente – privilégie, à travers plusieurs zones d’activités, surtout les communes riveraines de la RN165, telles Savenay et Malville, et un peu Campbon, alors que toutes les autres restent des "communes dortoirs". Au final, ce type de développement, qui vise plus le consommateur-résident que le citoyen-salarié, se soucie davantage du captage et de l’accueil des investisseurs potentiels, que de répondre aux réels besoins sociaux de la population cantonale.
Comment évolue cette population ?
Depuis plusieurs décennies, le dynamisme démographique est fort. Il s’inscrit en fait dans l’étalement périurbain métropolitain. Bien que l’agriculture occupe 80% du territoire, ce ne sont plus vraiment des communes "rurales". La "mixité sociale", entre couches moyennes et populaires, n’y est d’ailleurs plus un objectif à atteindre, mais un état de fait avéré. En bref, "bobos" et "prolos" en quelque sorte, et c’est un fait que les clientèles d’Hyper U et de ED ne sont pas tout à fait les mêmes !
Légende commune aux 6 cartes ci-dessous
Si les agriculteurs, les cadres supérieurs, les artisans, commerçants et entrepreneurs sont des minorités agissantes et influentes, il n'en reste pas moins que les professions intermédiaires, les employé(e)s et les ouvriers, constituent une large majorité cantonale populaire.
D’abord point de chute des familles à la recherche d’un cadre de vie agréable et abordable, c’est devenu un espace de relégation pour ceux qui travaillent à Nantes où Saint-Nazaire, mais ne peuvent plus y vivre à cause des coûts prohibitifs des logements. En période actuelle de crise généralisée, ce rêve d’un pavillon familial à la campagne rencontre ses limites. Même une vie associative très active ne peut compenser l’offre déficitaire en services publics, comparée à celle des plus grands centres départementaux.
Quelles sont les préoccupations environnementales ?
A cheval sur le Sillon de Bretagne et riverain de l’Estuaire, s’il n’est pas le "poumon vert" parfois fantasmé, ce territoire constitue bien un concentré d’enjeux environnementaux majeurs. Jouxtant la Loire, il est soumis à la fois à la Loi littoral, à Natura 2000 et à tout l’éventail des réglementations de zones de protection. Un amoncellement soumis au contrôle tatillon d’une technocratie post-Grenelle verdissante qui y transforme, ipso facto, tout projet individuel et collectif, résidentiel ou d’activité, en infernal parcours du combattant. Faisant également - les petites collectivités ne disposant pas de moyens humains et techniques pour ça - les choux gras d’une kyrielle d’agences et bureaux d’études. Pour autant, préservation paysagère du Sillon et protection des zones humides et marais estuariens restent bien évidemment légitimes. Leur cohérence pourrait d’ailleurs être bien mieux assurée dans le cadre d’un Agenda 21 cantonal.
Qu’en est-il des enjeux culturels et patrimoniaux ?
A ce patrimoine environnemental et paysager s’ajoute, en effet, un patrimoine culturel et historique : bâtiments classés ou non, et petit patrimoine, le tout encore trop négligé, sous-valorisé, souvent en péril de destruction. Richesse commune, il n’est le monopole exclusif de personne. Pour devenir un réel atout touristique local, dans un contexte d’offre régionale diversifiée, il nécessite de dépasser le simplisme historique et la confusion mémorielle qui y règnent. Sa préservation coûte trop cher pour chaque collectivité prise à part, voire pour d’improbables mécénats privés et doit, au contraire, rechercher d’emblée des financements publics associés, à diverses échelles. Mais ce ne peut être que sur la base d’un projet culturel et touristique mieux défini et partagé à l’échelle cantonale et communautaire, ainsi que par la région et le département.
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