"Chaque fois que je vois un adulte à vélo, je ne désespère plus de l'avenir de l'humanité" H.G.Wells
Aujourd’hui, changer la vie, c’est changer la ville. Mais qu’une utopie, celle de la bicyclette, y ait déjà trouver son lieu, ce n’est pas rien. Elle est « devenue le symbole d’un avenir écologique pour la ville de demain et d’une utopie urbaine qui réconcilierait la société avec elle-même ». Mais c’est avec le risque de devenir l’instrument fantasmé du déni et/ou l’alibi d’une vie sociale par ailleurs exclusivement soumise aux impératifs de la vitesse et de la consommation. Bref de constituer l’ultime illusion.
Aujourd’hui, changer la vie, c’est changer la ville. Mais qu’une utopie, celle de la bicyclette, y ait déjà trouver son lieu, ce n’est pas rien. Elle est « devenue le symbole d’un avenir écologique pour la ville de demain et d’une utopie urbaine qui réconcilierait la société avec elle-même ». Mais c’est avec le risque de devenir l’instrument fantasmé du déni et/ou l’alibi d’une vie sociale par ailleurs exclusivement soumise aux impératifs de la vitesse et de la consommation. Bref de constituer l’ultime illusion.
Marc Augé, anthropologue, rappelle que le mythe s’est formé au cinéma avec, notamment, "Le voleur de bicyclette" (De Sica, 1948), et "Jour de Fête" (Tati, 1949), et à travers la chanson (sous le même titre : "Á bicyclette", avec Bourvil en 1947 et Montand en 1969). Mais surtout à partir de l’épopée originelle du Tour de France, depuis lors dénaturée par le dopage.
Certes la grande confrérie des cyclistes est-elle disparate : "cyclotouristes" qui accumulent les kilomètres ; "cyclosportifs" déguisés en pros porte-pubs, dans une camaraderie qui « a quelque chose d’aimable et d’héroïque, s’affirmant contre le vieillissement et la mort » ; ou simples praticiens individuels réguliers. Mais, entre tous, « il y a conscience d’une certaine solidarité, de l’épreuve et du moment partagé, d’un petit quelque chose qui les distingue de tous les autres et n’appartient qu’à eux ». C’est qu’il faut bien mettre au crédit de la bicyclette non seulement "la réinsertion du cycliste dans son individualité propre", mais également « la réinvention de liens sociaux aimables, légers, porteurs d’un certain bonheur de vivre ». Certes on peut toujours « rêver d’une sorte de communisme urbain pour chevaliers et chevalières de la bicyclette qu’unirait une éthique commune et des règles de courtoisie unanimement respectées » ? Mais restons réalistes : la question de la vocation du vélo dans les grandes villes et plus encore dans le péri-urbain, reste ouverte : « loisir dans les moments de détente ou utilisation quotidienne » ? Alternative crédible aux autres modes de déplacements ? Selon l’auteur : « nous ne pouvons donc pas prétendre aujourd’hui que l’utilisation de la bicyclette a répondu aux défis de la nouvelle organisation urbaine. Il n’y a pas encore eu de révolution cycliste ».
Au moins la bicyclette garde-t-elle "un rôle déterminant à jouer" pour nous aider "à nous recentrer sur nous-mêmes", « reprendre conscience des lieux où nous vivons" et "redonner un sens au beau mot de mobilité ». Car, « sans autre auxiliaire que la force démultipliée du corps, la bicyclette permet de réaliser en quelque mesure cet idéal de la mobilité aisée » et apaisée.
Rappel au réel, retour à l’utopie ? À vélo pour changer la vie ! Le cyclisme est un humanisme
Marc Augé, "Eloge de la bicyclette", Ed. Payot, Rivages poche / Petite Bibliothèque, 2010, 94 p., 5 €
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