"La ville, Étape première. Passage. Avant relégation".
Dans le Monde diplo d'août 2010 - actuellement en kiosques - un très intéressant article intitulé : "Exode urbain, exil rural, Des pauvres relégués à la campagne" par les géographes Gatien Elie, Allan Popelard et Paul Vannier. Avec comme mots clés : Inégalités, Logement, Pauvreté, Transports, Ville, Géographie.
Questionnement ? :"Quel citadin n’a jamais rêvé d’aller vivre à la campagne ? De fuir les rythmes oppressants pour retrouver la nature ? Ce fantasme champêtre néglige le fait que la vie en ville devient un luxe. Certains ménages modestes n’ont pas d’autre choix que de s’exiler en milieu rural, où la rareté des emplois et des services publics aggrave la précarité à laquelle ils croyaient échapper."
Certes leur enquête porte-t-elle sur Montpellier et sa métropole. Mais, à quelques différences près, cette trajectoire métropolitaine n'est-elle pas également celle engagée avec Nantes et le SCOT métropolitain de l'estuaire de la Loire ?
En tous cas elle confirme bien que si la "renaissance rurale", pointée depuis plusieurs décennies déjà, semble mettre un terme à la "désertification rurale", à la "fin des paysans", à la "fin des terroirs", elle recouvre en réalité des dynamiques socio-spatiales autrement plus diverses et complexes.
Pour eux, "le repeuplement des espaces ruraux n'est pas le monopole des classes moyennes et supérieures, de ces jeunes cadres à la recherche d'un mode de vie plus agréable qui accèdent à la propriété pavillonnaire avec leur famille. Il existe aussi un exode urbain des classes populaires qui a contribué à modifier la sociologie des campagnes, si bien que leur population est constituée de 60 % d'ouvriers et d'employés (...) Désormais, c'est le prolétariat urbain - notamment les ménages les plus pauvres - qui est relégué hors des agglomérations en raison de l'augmentation des prix du foncier".
Avec de multiples conséquences, car "la vie a la campagne n'est pas une pastorale sociale, comme la nouvelle bourgeoisie urbaine se plait à le croire. L'espace rural n'est pas socialement homogène".
Par exemple, concernant l'emploi : " alors que le peuplement se diffuse extensive ment de plus en plus loin des villes, l'emploi tend à l'inverse à s'agglomérer intensivement dans les pôles urbains. En raison de cette discordance entre la géographie du peuplement et la géographie de l'emploi, l'espace rural pour ceux qui ne peuvent faire quotidiennement la navette entre lieu de résidence et lieu de travail, se transforme en espace de paupérisation"
Autre exemple, celui des transports : "pour les habitants de ces communes mal desservies par les réseaux de transports collectifs, les bus du conseil général ne peuvent se substituer à la voiture. En instituant la vitesse comme valeur et la maîtrise de la distance comme vertu, les classes dominantes ont structuré l'espace à leur profit".
Avec encore bien d'autres remarques pertinentes, notamment sur la récupération politique par le capitalisme de la critique d'un mode de vie urbain inauthentique portée depuis les années 1970 par l'écologie politique. A travers une "acculturation" rendue possible par "les stratégies de marketing territorial développées par les promoteurs immobiliers, mais aussi par les élus locaux au nom de l'attractivité des territoires"
Avec cette conclusion :" Happés par le tambour de la grande lessiveuse métropolitaine, celle qui fait place nette pour les classes moyennes dans les centres-villes, les plus pauvres débutent leur exode vers les lointains ruraux, chassées de Montpellier, cette "nouvelle Athènes" où seule une minorité de libres citoyens sont possesseurs des lieux sociaux et en jouissent" comme le soulignait en pionnier H.Lefebvre dès 1968 ("Le Droit à la Ville", 1968, reéd. 2009).
A lire intégralement, bien évidemment.
Le Monde diplomatique, Août 2010, n°677, 28 pages, 4,90 €.
Dans le Monde diplo d'août 2010 - actuellement en kiosques - un très intéressant article intitulé : "Exode urbain, exil rural, Des pauvres relégués à la campagne" par les géographes Gatien Elie, Allan Popelard et Paul Vannier. Avec comme mots clés : Inégalités, Logement, Pauvreté, Transports, Ville, Géographie.
Questionnement ? :"Quel citadin n’a jamais rêvé d’aller vivre à la campagne ? De fuir les rythmes oppressants pour retrouver la nature ? Ce fantasme champêtre néglige le fait que la vie en ville devient un luxe. Certains ménages modestes n’ont pas d’autre choix que de s’exiler en milieu rural, où la rareté des emplois et des services publics aggrave la précarité à laquelle ils croyaient échapper."
Certes leur enquête porte-t-elle sur Montpellier et sa métropole. Mais, à quelques différences près, cette trajectoire métropolitaine n'est-elle pas également celle engagée avec Nantes et le SCOT métropolitain de l'estuaire de la Loire ?
En tous cas elle confirme bien que si la "renaissance rurale", pointée depuis plusieurs décennies déjà, semble mettre un terme à la "désertification rurale", à la "fin des paysans", à la "fin des terroirs", elle recouvre en réalité des dynamiques socio-spatiales autrement plus diverses et complexes.
Pour eux, "le repeuplement des espaces ruraux n'est pas le monopole des classes moyennes et supérieures, de ces jeunes cadres à la recherche d'un mode de vie plus agréable qui accèdent à la propriété pavillonnaire avec leur famille. Il existe aussi un exode urbain des classes populaires qui a contribué à modifier la sociologie des campagnes, si bien que leur population est constituée de 60 % d'ouvriers et d'employés (...) Désormais, c'est le prolétariat urbain - notamment les ménages les plus pauvres - qui est relégué hors des agglomérations en raison de l'augmentation des prix du foncier".
Avec de multiples conséquences, car "la vie a la campagne n'est pas une pastorale sociale, comme la nouvelle bourgeoisie urbaine se plait à le croire. L'espace rural n'est pas socialement homogène".
Par exemple, concernant l'emploi : " alors que le peuplement se diffuse extensive ment de plus en plus loin des villes, l'emploi tend à l'inverse à s'agglomérer intensivement dans les pôles urbains. En raison de cette discordance entre la géographie du peuplement et la géographie de l'emploi, l'espace rural pour ceux qui ne peuvent faire quotidiennement la navette entre lieu de résidence et lieu de travail, se transforme en espace de paupérisation"
Autre exemple, celui des transports : "pour les habitants de ces communes mal desservies par les réseaux de transports collectifs, les bus du conseil général ne peuvent se substituer à la voiture. En instituant la vitesse comme valeur et la maîtrise de la distance comme vertu, les classes dominantes ont structuré l'espace à leur profit".
Avec encore bien d'autres remarques pertinentes, notamment sur la récupération politique par le capitalisme de la critique d'un mode de vie urbain inauthentique portée depuis les années 1970 par l'écologie politique. A travers une "acculturation" rendue possible par "les stratégies de marketing territorial développées par les promoteurs immobiliers, mais aussi par les élus locaux au nom de l'attractivité des territoires"
Avec cette conclusion :" Happés par le tambour de la grande lessiveuse métropolitaine, celle qui fait place nette pour les classes moyennes dans les centres-villes, les plus pauvres débutent leur exode vers les lointains ruraux, chassées de Montpellier, cette "nouvelle Athènes" où seule une minorité de libres citoyens sont possesseurs des lieux sociaux et en jouissent" comme le soulignait en pionnier H.Lefebvre dès 1968 ("Le Droit à la Ville", 1968, reéd. 2009).
A lire intégralement, bien évidemment.
Le Monde diplomatique, Août 2010, n°677, 28 pages, 4,90 €.
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