Ce livre est un pamphlet. Le genre a bien sûr des limites, mais ses formules font pourtant mouche à presque chacune des pages. A contre courant d’une publicité dont il n’a nul besoin, bénéficiant déjà « pour séduire du soutien des grands médias », ses auteurs estiment que Daniel Cohn-Bendit est « le symptôme de quelque chose de grave », et se proposent donc d’analyser la "pensée DCB", véritable signature marketing de la marque Dany, porteuse d’un projet politique délibéré.
Or, elle cultive à dessein les confusions : « Dany ne cesse depuis 40 ans de dire une chose et son contraire et d’en être fier. Il varie selon les années, les lieux, son auditoire, et parfois même au fil des pages d’un livre ». Ceci étant, « Dany ne change pas cependant d’opinion sur ce qui structure sa pensée. Il était anti-communiste en 1968, il le reste encore aujourd’hui. Son identification du communisme est d’ailleurs à géométrie variable. En 1968, elle concernait selon sa formule les seules "crapules staliniennes" du PCF et de la CGT. Aujourd’hui, elle concerne tous ceux qui veulent encore changer le monde ».
Leur analyse montre que s’il se réclame volontiers de Castoriadis ou de Lefort, DCB répète en réalité BHL et Glucksmann. « Champion d’une pensée minuscule écrite avec des majuscules, il use et abuse des notions paresseuses, en forme de mots valises », telles que Démocratie, Droits de l’Homme, Europe, Goulag, etc."
Entré chez les Verts par opportunisme, sa trajectoire politique le rapproche peu à peu de la droite décomplexée. Homme caméléon, entré vivant dans l’histoire dès 68, il aura depuis parcouru en 40 ans tout l’arc-en-ciel politique français : Dany le Noir a enfanté Dany le Rouge, métamorphosé en Dany le Vert, devenu Dany l’Orange… Avant que, désormais plus libéral que libertaire, Dany le Bleu, soit intronisé "fou du Roi" Starkozy et "idiot utile" du capitalisme vert.. Lecture salutaire, qui rompt sans ménagement avec la complaisance sans limite dont il était unanimement l’objet jusqu’à ce livre.
P.Ariès et F.Leray, Cohn-Bendit, l’imposture, Ed. Max Milo, 2010, 190 p. 17 €.
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