Ce livre découle d’une citation de W.Buffett, première fortune mondiale : « La lutte des classes existe, et c’est la mienne, celle des riches, qui en en train de la remporter ». De son propre aveu, rien ne qualifie F.Ruffin pour mener cette (en)quête à la recherche de la lutte des classes disparue : « J’ai plutôt baigné dans un vague humanisme chrétien. Jésus plus que Lénine, les jésuites plus que les trotskistes », mais « partout où mon regard se pose, j’aperçois cette guerre des classes à l’œuvre ».
A partir de témoins de son Vimeu amiénois natal, du Nord ou de la Lorraine Cœur d’acier, il affirme « que la guerre des classes existe, et l’écrasement d’une classe par l’autre, traverse toute la société, qu’elle est structurelle et non sectorielle. Qu’il s’agit d’un constat scientifique, rationnel, et non partial ou partiel ! Que se déroule ainsi au-dessus de nos têtes, invisible, comme un bras de fer global et non local, entre le Capital et le Travail, la force du premier qui fait plier le second ».
Ensuite, il relit les discours politiques à la lumière de cette disparition : en gros, dénégation à droite et omission à gauche, où personne ne trouve vraiment grâce à ses yeux. Ni M.-G. Buffet, ni O.Besancenot, ni surtout le PS et particulièrement V.Peillon, non pour « s’acharner sur un individu », mais parce que c’est son « spécimen de proximité » qui symbolise le divorce du PS avec les classes populaires. En trente années de pouvoir le PS - depuis F.Mitterrand : « la lutte des classes n’est pas pour moi un objectif : je cherche à ce qu’elle cesse » - devenu le parti de la France qui se porte bien. En 2007, S.Royal recueillait 54% des voix chez les Français qui « s’en sortent très facilement », contre 49% chez les ouvriers et les employés.
Enfin, l’auteur examine les conséquences d’un tel renoncement justifiant tous les abandons, qui ne nourrit une extrême confusion dans les têtes. Avant de terminer par un vibrant hommage à J.Jaurès - affadi jusqu’au point d’être récupéré par N.Sarkozy— qui affirmait : « ce que la vie m’a révélé, ce n’est point l’idée socialiste, c’est la nécessité du combat ».
F.Ruffin, « La guerre des classes », Fayard, octobre 2008, 250 p., 19 €.
Commentaires
Enregistrer un commentaire