par Pierre Musso
Les formes de conquête et d'exercice du pouvoir par N.Sarkozy en France et par S.Berlusconi en Italie, suscitent bien des interrogations. Même si l’auteur fait d’abord bien la part des différences, il montre ensuite avec brio qu’elles présentent des similitudes qu’il identifie en un seul et même phénomène original qu’il dénomme le "sarkoberlusconisme".
Caractérisée par l’hypertrophie du Je, cette forme commune de renouvellement du politique ne peut pourtant pas selon lui être réduit à un pur dispositif sophistiqué de communication ou à une variante du populisme, voire à un "télépopulisme" : « le mot populisme est trop vague, son usage excessif lui a fait perdre son contenu »
Car l’auteur montre bien que la rupture ne s'opère pas tant là où elle se voit, que dans les profondeurs, là où les valeurs symboliques traditionnelles de l'État en crise s'effilochent.
Ce nouveau modèle politique euro-méditerranéen, de type bonapartiste, combine l'autorité de l'État, la révérence à la catholicité et la référence à l'entreprise. « Le sarkoberlusconisme importe les cultures mêlées de l’entreprise et de l’Eglise pour replâtrer le politique en crise et réinvestir l’Etat ». Il « défend une philosophie du refus pour agréger les mécontentements ».
Son soi-disant « renouvellement idéologique » consiste surtout à importer et à manier « la doctrine et les méthodes du management entrepreneurial - marketing, publicité et slogans - pour régénérer le politique en crise ». Mais sa force de frappe « réside aussi dans la faiblesse de la gauche ».
Le Centaure sarkoberlusconien, figure symbolique étrange, à la fois "anti" et "néo" politique, prétend enfin renouveler "l'esprit du capitalisme" en le moralisant, évidant l’Etat-providence de sa protection sociale pour mieux renforcer l’Etat libéral, VRP des firmes et milieux affairistes.
Un essai brillant et suggestif, mais plutôt inquiétant, en ce qu’il montre qu’une simple diabolisation superficielle ne saurait cependant suffire à combattre efficacement le sarkozysme.
P.Musso, Le sarkoberlusconisme, Ed. de l'Aube, 2008, 172 p., 16,5 €
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