Docteur Bové et mister José


« J’ai drôlement changé ! Je n’aurais pas imaginé, il y a quelques années, prendre part à une campagne électorale présidentielle. J’ai pourtant décidé d’y faire entendre la voix de la gauche alternative, écologiste et solidaire ». En effet, mais si le docteur Bové s'auto-proclame candidat "trait d'union" de la gauche alternative, mister José apparaît en trublion, porteur avant tout de division et de confusion. 
Ces deux facettes sont entremêlées dans un livre écrit en moins d’un mois où il affirme d’entrée : « Je veux incarner une autre vision, une gauche nouvelle : la gauche alternative, écologiste et solidaire (…) On la dénomme "antilibérale", mais je préfère le terme "alternative" », subtil distinguo cependant peu explicité (p.12).
A « ceux qui s’interrogent sur la pertinence d’une candidature de plus » (p.23), le "candidat rebelle"  - c’est le titre - rétorque : « Disons la vérité. La multiplicité des candidatures à la gauche du Parti socialiste est avant tout le résultat du patriotisme d’appareil de la LCR et du PC » (p.24-25). Il accuse M-G Buffet et D.Voynet de vouloir « négocier un accord électoral avec le PS entre la présidentielle et les législatives » (p.25). Étrange reproche quand on  l’a vu implorer d'abord puis exiger ensuite, tous azimuts, ses 500 parrainages. Mais, assure-il, « nous n’avons pas le double langage, comme Marie-George Buffet, qui prétend être une candidate de rassemblement alors qu’elle n’est que la candidate du PC » (p.26). 
L’éditeur enfonce le clou, faisant fi de toute vérité : « N’appartenant à aucun parti mais choisi par les collectifs unitaires antilibéraux et des dizaines de milliers de citoyens [J.Bové], il "met en cause la pusillanimité de la gauche traditionnelle" !
S’il se reconnaît « dans la posture qui est à la base du mouvement altermondialiste et de ses succès contre l’OMC », Bové pose la question :  « Suffit-elle aujourd’hui ? ». Pour y répondre aussitôt : « Je suis convaincu que le rôle de la gauche alternative n’est plus simplement de témoigner mais d’agir. Nous devons prendre nos responsabilités en acceptant les risques de l’exercice du pouvoir » (p.18). Comprenne qui pourra.
Une lecture très édifiante, qui en dit long sur l’égocentrisme et l’opportunisme d’un "rebelle" qui accumule à l’envi confusions et ambiguïtés.
J.Bové, Candidat rebelle, Hachette Littératures, 2007, 186 pages, 13 €

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