Médias en campagne : Retours sur le référendum de 2005

Henri Maler et Antoine Schwartz
29 mai 2005. Les électeurs se sont prononcés majoritairement contre le Traité constitutionnel européen. Tous ceux qui défendaient le oui sont donc désavouées. Dans cet ouvrage court et incisif, l’association Acrimed (Action-Critique-Médias) se propose de revenir sur le traitement médiatique de la campagne référendaire de 2005. Pendant des mois, les citoyens attentifs et critiques ont pu, jour après jour, observer disproportions et distorsions favorisant le oui.    
Rien n’est pourtant venu remettre en question la débâcle des médias dominants. On se disait bien : « C’est sûr : tous les chroniqueurs et éditorialistes, donneurs de leçon à tous vents et spécialistes de l’autocritique des autres, ne vont pas tarder à s’interroger sur leur implication et sur celle des médias qu’ils orientent.».
Les mois ont passé. En guise de bilan proposé par les sommités du journalisme, ceci : non seulement l’échec de leur engagement forcené en faveur de l’adoption du Traité n’aurait pas infirmé l’excellence de leur travail, mais il aurait plutôt confirmé son innocuité. Les médias disposent en outre d’une grande capacité à se faire oublier et à entretenir l’amnésie sur leurs méfaits passés.
Le premier objectif du livre est donc de constituer une sorte d’antidote, pour lutter contre l’abus de pouvoir de  ces médias "désavoués, mais toujours dominants ". Pour en tirer quelques conséquences, y compris pour la campagne désormais engagée pour 2007.
Les trois chapitres du livre s’appuient sur un travail minutieux de collecte des données, dans les médias les plus variés (presse quotidienne nationale ou régionale, magazines, émissions de radio, de télévision, etc.).  Tandis que dans le premier chapitre (Vous avez dit "équité" ? ) les auteurs rendent visible le caractère inéquitable du débat orchestré par les grands médias, le second chapitre (Vous avez dit "pédagogie ?") décrypte les procédés de désinformation employés par les journalistes dominants dans leur souci de "pédagogie" à l’encontre d’un peuple réfractaire. Enfin, le troisième chapitre (Vous avez dit "démocratie "?) est consacré aux réactions suscitées par la victoire du non le 29 mai 2005, avec une hostilité non dissimulée à l’égard de la souveraineté populaire.
Au terme d’une critique sans complaisance et toujours argumentée, qui aboutit à un bilan préoccupant, les auteurs nous interpellent sur la nécessité de lutter pour la défense d’un pluralisme réel dans les médias. Il est  en effet urgent que les citoyens, en réaction à un pluralisme tronqué, une propagande masquée et un débat démocratique amputé, fassent de la question des médias une question politique majeure, aujourd’hui décisive.
 ACRIMED, Ed. Syllepse, Coll. Arguments et mouvements, novembre 2005, 134 pages, 7 €.

Commentaires